2019 sera une année boeuf ! Bon, ne vous moquez pas de moi, je n’ai rien trouvé de mieux pour que ça rime, en tout cas rien de mieux qui ait du sens avec ce que je ressens… dans une strate parfaitement égoïste et narcissique de moi-même, qui se casse régulièrement la figure quand elle lit les journaux. Comment se réjouir de quoi que ce soit avec ce qui se passe dans le monde, mmmh ? D’un autre côté, j’ai suffisamment lu pendant ce mois de janvier des phrases du genre : « non, je ne vais pas vous souhaiter une bonne année, l’actualité est trop pourrie, on va tous dans le mur, en plus construit par Trump, on va tous crever à cause de l’arrogance et l’irresponsabilité de nos dirigeants, je veux mourir tout de suite tiens, venez on meurt ensemble » que je ne tiens pas à emprunter cette pente dépressive. N’est-ce pas justement quand tout va mal qu’on doit se préoccuper des petits bonheurs, des grandes lumières, et souhaiter le meilleur aux gens ?

Bref, ce long prologue simplement pour justifier le partage de ma joie quand je regarde 2019 se déployer devant moi. 4 publications prévues dans l’année, toutes très variées et très personnelles, dont l’écriture m’a enthousiasmée, qui me tiennent très à coeur, et en plus de cela, 2 parutions importantes en poche. D’abord, en juin… mais chut, ça je vous le dirai en temps voulu. Parlons plutôt du poche qui va paraître, en mai, chez PKJ… Quatre filles et quatre garçons !!!!!

Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me fait plaisir. Je vous explique pourquoi (attention, récit fleuve).

(Vous comprenez pourquoi j’ai du mal à m’exprimer sur Twitter ?)

Ce roman d’un million de signes a été écrit il y a 10 ans. Ce sont les éditions Talents Hauts qui m’ont suggéré d’écrire une série pour ados non-sexiste, et cette confiance dans mes capacités m’a donné des ailes. C’était la première fois. Jusque-là, j’avais eu de belles réussites, notamment un roman publié en Folio Junior chez Gallimard Jeunesse et un autre répéré de chez Je Bouquine en cours d’édition pour Scripto toujours chez Gallimard, et enfin un best-qui-deviendrait-long-seller chez Rageot, mais, malgré ces preuves de confiance que sont les publications, en dehors de cela je ne m’étais jamais sentie portée, encore moins encouragée par les éditeurs ou éditrices – pas seulement Rageot et Gallimard mais chez Magnard ou les 400 coups, c’était pareil. Je me sentais juste comme une pourvoyeuse de textes, anonyme et sans existence propre. Et pourtant, quand j’y pense, j’avais, en plus de cela, déjà compris depuis un moment la force d’Internet en alimentant ce blog que je relayais déjà sur fb et twitter, mais à l’époque les éditeurs ne valorisaient pas cet effort de promotion du livre de la part des auteurs et autrices. Avec le recul, je ne cesse de trouver cette indifférence anormale (sur le moment je croyais que c’était normal – et puis malgré ces publications prestigieuses peut-être n’avais-je pas tant de talent que ça ? Enfin on finit par s’imaginer plein de choses dépréciatives sur soi)… Néanmoins je réalise que ce n’était peut-être pas anodin que ce soient les éditrices de Talents Hauts qui, les premières, m’aient accordée une telle confiance – une preuve de mon existence d’être humain – basée uniquement sur ce qu’elles avaient lu de moi (un indice : elles sont féministes). Je les remercie chaleureusement.

(Heureusement, aujourd’hui les choses ont évolué et je vois beaucoup plus de jeunes femmes prises au sérieux et considérées à leur juste valeur par les maisons d’édition, il y a 10 ans le plafond de verre était plus épais, dans ce milieu pourtant très ouvert qu’est la littérature jeunesse française. Malgré cela j’entends encore des choses navrantes comme : c’est parce qu’elles sont jolies, parce qu’elles sont jeunes, parce qu’elles ont un beau sourire des beaux yeux etc… Heu, non, c’est parce qu’elles ont du talent. Fin de la parenthèse)

Pour mener à bien ce projet, j’ai pris un risque fou : je me suis mise en disponibilité – j’étais professeure des écoles ; je n’ai jamais repris l’enseignement depuis, et ai fini par démissionner.

(Je vous propose quelques secondes de silence pour rendre hommage à l’homme qui partage ma vie et qui à ce moment de mon existence prononça ces mots : « mais oui, vas-y, fonce, on y arrivera »)….

Le principe que j’imaginai était dingue : écrire 8 romans courts, que les éditrices décidèrent de faire paraître 2 par 2, à six mois d’intervalle, chaque roman étant raconté par un personnage principal, les 7 autres devenant alors personnages secondaires (ça vous rappelle quelque chose ? Mais oui mais oui, U4, même si les romans de Ligne 15 se suivent chronologiquement ! Pourtant je suis sûre que ce n’est pas moi qui ai soufflé cette idée au groupe – et comme souvent je n’ai réalisé que de longs mois plus tard la similitude entre les deux procédés – mon esprit d’escalier peut parfois prendre des proportions ahurissantes).

L’écriture m’a pris 2 ans non stop (certain·es sont capables d’écrire autant en une seule année mais moi, non – et puis mes enfants étaient vraiment petits, cet âge qui prend du temps). Cela s’appelait à ce moment-là Ligne 15, et cela parut en rafales sur 2010-2011.

Ce fut un beau succès critique, je gagnai une belle reconnaissance… mais niveau ventes ce fut loin de rentabiliser mes 2 années de travail. Je gardai néanmoins la pêche (tout en mangeant des pâtes), sentant bien que j’étais soudain un peu considérée différemment dans le milieu éditorial. Ce regard d’estime professionnelle qu’on porte sur vous, ô auteurs et autrices, qui n’a rien à voir avec la sympathie me semble-t-il (même si ça se combine souvent), j’ai appris combien il comptait. Il est primordial. Je ne cesse de constater qu’il est plus facilement acquis d’emblée à certains qu’à d’autres… Si en plus vous n’avez aucun réseau, que vous venez de nulle part, soyez patient·es, trèèèèès patient·es. Mais avec du talent, en littérature jeunesse, tout peut arriver, même si ça prend du temps, qui qu’on soit.

Je continuai mon petit bonhomme de chemin, désormais accueillie dans de chouettes maisons d’édition aux moyens plus grands : Nathan et Syros – où je gagnai encore en visibilité grâce à mes récits d’anticipation.

(Il s’était passé 2 choses concomitantes : une petite reconnaissance, et désormais un petit réseau. Mais aussi une confiance en moi grandissante).

Cependant j’avais toujours Ligne 15 en tête, persuadée que ces histoires n’avaient pas eu l’audience qu’elles méritaient. En littérature jeunesse, rien n’est jamais joué ou enterré, ça aussi je l’ai appris. J’ai suggéré à Talents Hauts de rééditer Ligne 15 en un seul volume. Encore une fois, cette confiance ébaubissante : elles m’écoutèrent. Cela donna Quatre filles et quatre garçons.

Ce gros roman, (ré)édité en 2014, se vendit honorablement, et bénéficia d’une bien meilleure visibilité. Combien de messages de jeunes lecteurs et lectrices ai-je reçus ! Et j’en reçois encore.

Depuis il y a eu #Bleue, U4, la suite de la série des Chat Pitre, la série des Mona, Le Grand Saut et tant d’autres. Je pensais que ce récit avait eu une belle vie, et même deux vies, que c’était déjà beau, et j’en étais très heureuse. J’étais bien loin de me douter qu’il aurait une troisième vie. Et quelle troisième vie ! En poche, d’accord, mais chez PKJ ! On m’aurait dit ça, en 2010, quand je n’osais même pas me proclamer auteur ! (encore moins auteure, et encore encore moins autrice, parce que c’était la préhistoire).

Ce roman, vous l’aurez compris, est très représentatif de ma carrière entière. C’est comme s’il me suivait, voire me couvait.

Aujourd’hui, donc, j’ai reçu ceci :

Les signets, ce sont les endroits que l’éditrice de PKJ a repérés, où il faut rajeunir certaines formulations (eh oui, ce texte a 10 ans !)

Voilà, il vous faudra attendre mai pour découvrir ce texte rajeuni. J’ai hâte de voir à quoi il va ressembler. Vont-ils garder la même photo de couverture, par exemple ? Je ne sais pas mais hâte, vraiment !

(Bien sûr, bien sûr, pendant toute l’écriture de cet article j’ai songé à MD, super-éditrice, parce que, eh bien… 10 ans !!!!!)

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