Moment de vertige entre deux romans.
Viens de terminer une histoire courte, au sujet délicat, du genre qui tourne dans la tête des jours durant (y pense le soir, y pense la nuit, chaque mot du paragraphe de fin est soupesé durant toute la journée). Pour s’en sortir, pas d’autre moyen que de se plonger dans une autre histoire.
Retenue, avant de s’y lancer. C’est assez délicieux ce moment où un récit commence à prendre forme et vie, où il pulse et réclame d’être écrit. Mais… Eviter de s’y jeter tout de suite malgré la tentation – c’est ce que je raconte aux jeunes gens que je rencontre et qui me disent qu’ils n’écrivent que des débuts d’histoire sans réussir à les terminer. C’est comme le désir dans une histoire d’amour : si on le fait durer il permet de donner plus d’ampleur et d’urgence à ce qui va se passer. Il permet d’avoir une vision plus globale et moins individuelle de son récit. C’est le moment où l’esprit s’ouvre plus que de coutume, où on est le ciel, on est les passants, on est les arbres, on est les martinets. On inspire fort, on s’emplit de ce monde-là, avant de prendre son élan.
Pas encore, donc, pas encore. Il faut encore de cet espace-temps où on est comme une femme qui, pendant ces journées bien remplies, pose son sac à terre un moment et observe le monde avant d’en développer ce qu’elle y voit.

(Photographies de Vivian Maier, nounou à plein temps, artiste de génie le reste du temps ;-))

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