C’est amusant de jouer au jeu du goût littéraire (une variante du jeu de kim littéraire, miam). Quelle traduction de l’Odyssée préférez-vous ? En vers ou en prose ?… Pour commencer, on peut en goûter un petit, tout petit morceau :

«Dis-moi, Muse, cet homme subtil qui erra si longtemps, après qu’il eut renversé la citadelle sacrée de Troie. Et il vit les cités des peuples nombreux, et il connut leur esprit ; et dans son cœur, il endura beaucoup de maux, sur la mer…» Version historique en prose (Leconte de Lisle, 1861, Presses Pocket).

«C’est l’homme aux mille tours, Muse, qu’il faut me dire, Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte, Celui qui visita les cités de tant d’hommes, et connut leur esprit, Celui qui, sur les mers, passa par tant d’angoisses…» traduction de Victor Bérard (1924), disponible en Pléiade et au Livre de Poche. Une prose rythmée, parcourue tout entière (à part quelques alexandrins découpés 4+4+4) par la pulsation de l’hexamètre.

«Ô Muse, conte-moi l’aventure de l’Inventif : celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages, souffrant beaucoup d’angoisses dans son âme sur la mer…» Version Philippe Jaccottet (1955), à La Découverte. Vers de longueur variable. Par ordre de fréquence : 14, 12, et plus rarement 10 ou 16 syllabes.

«Muse, dis-moi le héros aux mille expédients, qui tant erra, quand sa ruse eut fait mettre à sac l’acropole sacrée de Troade, qui visita les villes et connut les mœurs de tant d’hommes !» prose (Médéric Dufour et Jeanne Raison, 1965, Garnier-Flammarion).

Note : la meilleure Odyssée, dit-on, est la plus facile à apprendre par cœur.

(tableau : Ulysse de Ingres) Florence Hinckel, auteur jeunesse, auteure jeunesse

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