Vous savez, puisque de nombreuses fuites se sont déjà produites, à cause d’une TRES grande impatience de la part de tous ceux qui portent U4 depuis le début, qu’un cinquième opus est dans le four et vous arrivera tout chaud tout beau tout bon le 3 novembre prochain : U4. Contagion. Autant vous dire qu’on vous l’a longuement mitonné, cet opus, avec amour et perfectionnisme. On vous épargnera les très, mais alors très longues discussions qui ont précédé son écriture (voire qui l’ont doublée) pour savoir par quel bout de fil le prendre, mais les pelotes déroulées puis retricotées avec passion vous siéront à merveille et vous tiendront bien chaud cet hiver, je vous le promets.

J’aime bien les focus révélateurs d’un ensemble, et pour cela je vais choisir un mot. Ca aurait très bien pu être focus, justement, parce qu’on a eu des discussions enflammées pour savoir si au pluriel on disait foci. Oui, c’est vrai, ce genre de dispute très faux c… est surtout destinée à se dire entre nous, co-auteurs, combien on s’aime. C’est qu’on est pudiques, nous, messieurs-dames, et c’est par la querelle sémantique qu’on s’exprime notre attachement.

Bref, donc, « décimer ». Très vite ce terme a été choisi par les éditeurs pour figurer sur la quatrième de couverture.

Et moi, la phrase « le virus U4 a décimé 90% de la population mondiale » m’a fait bondir littéralement. C’est un non-sens total. Pourquoi ? Parce qu’au sens strict, « décimer » signifie « tuer une personne sur dix », or U4 a tué neuf personnes sur dix, c’est dit dans la phrase… qui dit le contraire en même temps. Alors quoi ? 1/10 ou 9/10 de couics ? Moi je le sais que c’est bien 9/10 ! Alors que fais-je ? J’écris à l’éditrice, dans un mail qui contient d’autres trucs. Que fait l’éditrice ? Elle répond à d’autres trucs sauf au détail mathématique (certainement, elle se renseignait). Et moi j’oublie, je passe à autre chose. (Certainement, l’éditrice a oublié de me donner le résultat de ses recherches).

Puis arrive la dernière étape des épreuves à regarder une dernière fois en deux minutes parce qu’après ça part dans les tuyaux (un truc très mystérieux pour l’auteur, moi je m’imagine vraiment des tuyaux qui trépignent, avec une bouche gloutonne comme un serpent qui ne peut pas attendre, il a faim). Et à la seconde avant que le tuyau ne réclame sa pitance (pour être honnête, il nous a laissé 3 jours de répit, je ne sais pas ce qu’on lui a donné à manger en attendant et cela ne cesse de m’inquiéter), je relis le prologue et là, HORREUR : « D’une virulence foudroyante, ce virus a décimé 90% de la population mondiale… »

Aaaaaah, là je crie STOP faut tout arrêter y’a une erreur SEMANTIQUE ENORME !!! J’imaginais déjà le tuyau s’étrangler, toussoter, mourir peut-être, les foudres s’abattre sur moi, sur tout le projet, la date de sortie reculée, le plan de com détruit, décrédibilisé, en bref qu’allions-nous devenir ?

Et voilà que la réponse tranquille de l’éditrice adorée (oui je l’adore, je vous l’ai dit il n’y a qu’avec les gens que j’aime que je parle sémantique), voilà donc que cette réponse m’a fait me sentir toute bête, pointilleuse (chiante ?), et m’a laissée avec cette question sournoise : aurais-je déjà de nouveau besoin de vacances ? Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, en vrai, et on pouvait sans attendre nourrir les tuyaux.

J’avais juste omis de vérifier une définition complète du mot.  Définition :

Du latin decimo, lui-même dérivé de decem (« dix »). Les Romains pratiquaient la décimation lors des défaites de leurs propres armées (ils en tiraient au sort un sur dix pour le punir).
Le verbe prend ensuite le sens de tuer un pour dix.

Oui oui j’avais bien raison, au sens strict. Mais surtout, et c’est là que ça nous intéresse :

(Par extension) Ce verbe a pris un sens plus large, et en particulier indique plutôt que la majorité a disparu et non pas les 10% du sens original. Il signifie alors « massacrer » ou « tuer ».

  • Pasteur diagnostiqua le mal : c’était la maladie dite des morts flats ou flacherie, indépendante de la pébrine. Contrairement à l’opinion générale, deux maladies différentes, mais concomitantes, décimaient les magnaneries.  (Maurice Vallery-Radot, Pasteur, Librairie académique Perrin, 1994)

Eh bien j’ai mieux dormi la nuit d’après. D’abord parce que je n’avais plus rien à faire, ni mes co-auteurs, en tout cas nous ne pouvions plus rien faire puisque c’était maintenant dans le ventre des tuyaux (Christian, Véronique, je ne parle pas de vous, hein ! C’est tout ce qui m’échappe autour et que je ne vois pas, la machinerie de la promo interne, l’impression, les SP, les réunions, le planning de tout ça, etc). Et ensuite parce que je suis en droit de croire que de coups au coeur en coups au coeur, alternativement ressentis par chacun de nous 4, les co-auteurs, on est quand même arrivés à quelque chose de sémantiquement juste. C’est une bonne base, moi je dis.

u4contagion-150

(Et sinon comment on appelle un visage qui a intégré quatre autres visages ?)

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6 Commentaires
  • Tom
    20 septembre 2016

    Et surtout, si on le prend au sens strict de 1/10, cela indique bien que celui qui reste en a vu 9 autres mourir… Alors si ce n’est pas autant de souffrance, qu’est-ce que c’est ? Donc décimer c’est peut-être aussi ravager celui qui reste.

    • FH
      20 septembre 2016

      Attention, ce sont 9 personnes qui en ont vu 1 mourir (décimer = 1 mort sur 10) sauf dans U4 où c’est 1 personne qui survit quand 9 meurent. Dans tous les cas, on doit finir bien ravagé !

      • Tom
        20 septembre 2016

        Oui je parlais d’U4 spécifiquement !

        • FH
          20 septembre 2016

          Ah, alors le dixième survivant n’a pas réellement vu mourir les autres, parce qu’il s’agit de la population mondiale et que… Mais les précisions et révélations à ce niveau seront dans U4.Contagion !

          • Tom
            20 septembre 2016

            Tu n’es plus que teasing Florence !

          • FH
            20 septembre 2016

            T’as vu comme je suis forte ! 😉