Et les vacances, c’est maintenant…
Après une semaine intense à tout point de vue. Oui, j’ai vu la beauté de l’île, ces derniers jours, en tout cas en partie, mais j’en ai été distraite par l’activité du groupe, dont on pourrait tirer une photographie sociologique intéressante. Inconsciemment, j’enregistre toujours les gestes, les regards, les rires, la beauté de moments d’amitié, d’étoiles dans les yeux et de confidences (les confidences me touchent, et je m’en veux toujours d’avoir tant de mal à me confier en retour, il me faudrait beaucoup plus de temps, j’ai l’impression de trahir ou bien je crains d’ennuyer, et pourtant mes jours et mes nuits ne sont ni mieux ni pires, juste uniques comme pour chacun). Mais aussi les irritations, les mini-blessures, les frustrations, les lassitudes et les vraies fatigues. Elles existent inévitablement, même dans un milieu paradisiaque, même dans un groupe aussi sympathique et intelligent. Et puis les affinités, les incompatibilités. Je vois. Je ressens.
Intense cette vie de groupe où le talent explose. Où l’on a envie de tout découvrir de l’autre, l’écouter, l’observer. Je capte. J’aimerais souvent que les relations ne soient que duelles. Elles l’ont été parfois, le temps d’un café, d’un moment volé dans le hall de l’hôtel, d’une crêpe carapeï, d’un repos dans la cahute climatisée du salon, ou autour d’un punch coco du soir, devant la plage (les meilleurs moments, où l’on guettait le rayon vert). Ce ne furent que des bribes, où la profondeur n’avait le temps de pointer son nez que durant quelques secondes, aussitôt interrompues.
Frustration des écrivains devant l’immédiateté de rendu des oeuvres des illustrateurs. Dessiner, c’est établir un contact, c’est montrer le résultat quelques minutes plus tard, c’est avoir la récompense du regard qui pétille et des remerciements de la personne dessinée dans l’instant. Ecrire est plus ingrat, dans ce sens-là. Réflexion avec Jo sur une meilleure mise en valeur des romans sur les salons du livre, des lectures qui ne soient pas des spectacles, qui passionnent sans esbroufe. Une véritable idée de ce qu’est écrire. Est-ce possible ? A méditer encore.
Ecrire c’est rester un peu en retrait, un temps. C’est d’abord ouvrir les yeux, les oreilles, l’esprit. Je le dis souvent en rencontres. C’est l’impossibilité de faire circuler un carnet d’oeuvres pour montrer ce qu’on a capté hier ou avant-hier. Ecrire, c’est capter aussi, mais mûrir. Ecrire c’est n’être artiste que de façon sous-marine, longtemps. C’est noter. Juste noter. Ranger ces notes dans des épaisseurs mentales différentes. Les digérer plus ou moins lentement, plus ou moins facilement. Et c’est, qui sait, avoir l’air un peu bourru, conséquemment, parfois (petit coucou à Christophe !). Ou avoir l’air réservée, et cette fois je parle de moi, alors que je ne le suis peut-être pas ? Je l’ignore. Ecrire c’est d’abord vivre chaque instant à mille pour cent, chacun à sa manière, puis, plus tard, peut-être beaucoup plus tard, créer. Aucun de nous autres écrivains, en tout cas, n’a trouvé sa place d’artiste dans ce groupe (je ne parle que d’une place d’artiste, car nous avions notre place d’individu et tout le groupe était extra pour laisser cette place à chacun), et difficilement durant le salon, aussi, il m’a semblé, hormis Insa, qui a la chance d’être aussi musicien (et nous a offert un slam superbe, performance étonnante).
Dans cette vie de groupe, j’ai adoré les diatribes d’Axl, dont l’exubérance surréaliste cachait mal une vraie bienveillance pour chacun, la vie de famille d’Insa, la constante bonne humeur de Mélanie, son amitié, l’amour si palpable entre J et G (qui se reconnaîtront), l’humour et la dérision de Cécile G, la discrétion de Cécile H, la confiance de Pénélope, l’intelligence de Cécile R (oui, il y avait 3 Cécile), la gentillesse d’Antoine et Laurent, la lumière de Judith, le sourire-Joconde de Maja, etc, etc… Chacun avait quelque chose qui m’enchantait, à un moment ou à un autre.
Interactions trop brèves aussi avec le groupe des bénévoles. Sourires constants là aussi ! Impression d’être accueillie, simplement. Merci à Muriel et toute son équipe. Peu de temps avec eux, les regards et les sourires parlaient à la place des mots.

Et bien sûr les rencontres avec le public et les classes. Surréalisme total le matin où je n’ai eu que des enseignantes venant de Marseille, que je connaissais ou avec amis communs. Une telle proximité, si loin ! Merci au lycée hôtelier qui m’a fait cadeau d’un gâteau impressionnant dont l’inscription m’a fait rougir !

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Bravo à la SEGPA de mon amie Meryem qui a confectionné un superbe kamishibaï à partir de Mémoire en mi. J’ai même eu droit à la mélodie de mon héroïne Juliette, composition originale.

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… et à la classe européenne qui m’a fait le grand plaisir de lire plusieurs de mes romans, et d’écrire un petit mot sur chacun. Toutes les rencontres étaient très bien préparées, un véritable bonheur !

Et puis j’ai eu le grand plaisir d’être récompensée pour Théa pour l’éternité, qui a reçu le prix Paille en queue, catégorie 3e-2nde.

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Qu’ajouter d’autre ? Que je suis heureuse d’être encore là, tout comme Judith et Cécile G et Maja (les autres sont déjà de retour à cette heure). C’est une nouvelle île soudain, pour moi, en famille désormais, et hier, beau début de séjour, j’ai enfin vu Mafate. L’aventure ne fait que commencer…

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6 Commentaires
  • le buveur d'encre
    22 octobre 2014

    Très intéressantes et poignantes sont tes interrogations sur « comment partager l’écriture instantanément ou presque… »
    La lecture à haute voix d’un texte ou d’un extrait est peut-être un début de réponse…

    • florence
      22 octobre 2014

      C’est ce à quoi on a pensé et peut être lire les textes d’un autre, de façon croisée…

  • Cécile Roumiguière
    22 octobre 2014

    Zut de zut, j’ai écrit un commentaire qui n’ai pas passé…
    J’y disais que tu étais une heureuse femme de passer encore quelques jours sur l’île (la vraie, la seule 😉
    J’y disais aussi au sujet de cette intantanéité des images sur les mots qu’on se vengerait, que la lecture de nos mots dans l’intime résonne longtemps (comme celle des images, certes), et encore que ce spectacle-lecture on le mettrait au point, on le partagerait, qui sait.
    Très belles vacances à toi et ta famille,
    à bientôt à Montreuil !

    • florence
      22 octobre 2014

      Oui, on se vengerait et on partagerait, nous aussi ! Réfléchissons-y. En attendant grosses bises de là-bas, je crois encore vous y voir tous devant une dodo 🙂

  • Pascale M.
    22 octobre 2014

    Bon séjour, profite de ce repos bien mérité, et bravo pour le Prix ! Bise.