Voici une histoire un tout petit peu fantastique comme il m’en arrive parfois (comme il en arrive à nous tous, très certainement, et dont on ne parle pas assez). En ce moment c’est étrange, il m’en arrive souvent.

Ceux qui me suivent de près savent que j’étais au festival off d’Avignon il y a quelques jours, et que j’y ai vu, entre autres, un spectacle de danse intitulé Le secret de la petite chambre, que j’ai chroniqué pour VivantMag, ici. J’y raconte qu’au début du spectacle on nous avait informés que les trois danses étaient inspirées d’une auteure que je ne connaissais pas du tout : Yoko Ogawa, et plus particulièrement de son roman La petite pièce hexagonale. Intriguée par le spectacle, très beau, très envoutant, j’avais noté cela dans un coin de ma tête, pensant confusément cependant que j’allais soit très vite oublier titre du roman et nom de l’auteur, soit que le désir de découvrir ce roman me passerait rapidement et que je ne le lirais donc jamais.

Quelques jours plus tard, un beau soir au ciel irisé, je pique-nique sur une calanque en compagnie de mon amie Ingrid venue dans le sud en vacances, et de ma fille de quatorze ans. Ma fille préparait son départ pour le Japon, pour un grand rassemblement de tous les scouts du monde (un Jamboree ; mes enfants sont aux Eclaireurs, scouts laïques). Ingrid lui conseille tout de suite de lire un roman d’une auteure japonaise, nommée Yoko Ogawa. Je bondis de surprise. J’explique que cela fait la deuxième fois en quelques jours que j’entends parler de cette auteure, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant.

Deux jours plus tard, je me promène à Marseille avec mon cher et tendre. Nous aimons aller flâner à la librairie L’odeur du temps, lorsque nous en avons le temps. Nous parcourons les rayons quand soudain, d’un doigt il extrait le roman de Yoko Ogawa, La petite pièce hexagonale, comme s’il m’attendait là, sagement.

Pouvais-je ne pas l’acheter ?

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J’ai donc lu ce court roman, avec un plaisir particulier. D’abord j’ai enfin vu les liens avec le spectacle de danse (surtout concernant la deuxième danse, qui raconte bien le mal de dos de l’héroïne). J’ai trouvé une ambiance fantastiquement quotidienne ou quotidiennement fantastique (cette ambiance où je baigne ces derniers temps), qui m’a fait penser très, mais alors très fort au Voyage de Chihiro, ce dessin animé que j’aime tant. Cette histoire simple oscille sans cesse entre terre-à-terre et onirisme, en tout cas quête et interrogation de soi, évidemment sans réponse claire. Je vous le recommande chaudement.

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Petite réflexion en sus : en littérature jeunesse, où le terme « fantastique » est largement galvaudé (on le confond systématiquement avec le terme « fantasy »), les véritables histoires fantastiques sont d’une rareté que j’ai comprise lorsque j’ai proposé un jour une idée à une éditrice qui m’avoua qu’elle n’était pas très au fait de ce qu’était la littérature fantastique, la vraie. Ce n’est certainement pas une généralité dans le monde des éditeurs, il n’empêche que c’est une chose qu’ils aimeraient visiblement éviter aux jeunes lecteurs : cet inconfort de ne pas savoir où commence et où s’arrête le réél. Ou mieux : le réel existe-t-il ? Mon idée de jeune garçon perdu dans des eaux profondes, qui ressort dans un monde presque semblable à quelques détails près, assez perturbants, n’est pas près de voir le jour, à moins que j’y trouve une justification science-fictionnesque. Il faut en somme toujours justifier lorsqu’on s’échappe du réel. N’est-ce pas dommage ? Tout doit être parfaitement clair et carré, et bizarrement encore davantage lorsqu’on monte en âge (les albums pour petits échappent heureusement à cette vision unidimensionnelle). Les fils invisibles ne peuvent-ils pas se montrer aux jeunes gens ?

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“Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent seulement de nuit.”

Edgar Allan Poe, dans Histoires extraordinaires

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Je n’ai pas eu beaucoup le temps de lire ces derniers temps. Voici cependant mes autres bonnes lectures :

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Starters de Lissa Price. Histoire prenante, idée originale (que j’aurais aimé avoir eue ;-)). Pas mal du tout.

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J’aime beaucoup la façon d’écrire du très sympathique Antoine Dole, il a une sacrée plume. Laisse brûler est dur et touchant tout à la fois. A fleur de peau, de nerfs, de coeur.

C’est bien de lire les romans des copains ! J’ai poursuivi avec Yves Grevet, l’un de mes quatre co-auteurs uquatriens.

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Celle qui sentait venir l’orage est un roman historique. Je connais bien maintenant l’écriture d’Yves, et c’était amusant de la reconnaître ici. L’héroïne reste forte malgré la tonne d’épreuves qui lui tombent dessus. J’ai particulièrement aimé la première partie du roman : j’ai trouvé que la perversion qui se jouait chez le docteur Grüber, accablant Frida quoi qu’elle fasse, était racontée de façon très subtile. Cela m’a fait penser, personnellement et parce que j’y suis sensibilisée, à tous les ressorts anti-féministes, qui rendent les femmes coupables quoi qu’elles fassent et décident (mais cela fonctionne pour tout groupe de gens que l’on souhaite opprimer). J’ai aussi pensé à Minority report, de Philip K. Dick, et les connaisseurs sauront pourquoi. Yves y a-t-il pensé lui-même ? Pas sûr, je le lui demanderai. En tout cas, le futur rejoint le passé, et inversement.

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2 Commentaires
  • Nathan
    20 juillet 2015

    Un roman sur les fils invisibles, voilà une très belle idée. Je serai là si elle éclot un jour…

    • FH
      20 juillet 2015

      Tu es adorable, Nathan 🙂