Il faut absolument prendre conscience que sans la maîtrise des outils technologiques, les femmes (et les autres populations minorées) se battent en grande partie inutilement pour leurs droits.
Cette maîtrise confère un pouvoir incroyable, que j’ai pu ressentir avec une joie qui m’a moi-même étonnée quand j’ai conçu et partagé mes outils fiscaux pour les auteurs et les autrices (un truc simple : un tableur converti en html, mais que peu d’écrivain·es savent faire), et que j’ai bien sûr veillé à rédiger entièrement en incluant la moitié féminine de l’humanité. J’avoue avoir ressenti une vraie jouissance à imaginer tous ces auteurs et toutes ces autrices que je savais rétives à l’inclusion ou ne serait-ce qu’au terme « autrice » contraintes d’utiliser cet outil inclusif pour pouvoir enfin comparer les régimes fiscaux à notre disposition, ou calculer leurs droits d’auteur ou d’autrice. Je me suis trouvée un peu perverse, profitant de mon pouvoir grâce à une compétence que d’autres n’ont pas, et pourtant c’est ce que font tous les jours depuis des années une bonne partie des 88% d’hommes informaticiens lorsqu’ils créent les logiciels que nous utilisons sans cesse (et devinez quoi, ce n’est pas dans le sens féministe).
Cet article l’explique une fois de plus (ce n’est pas le premier, et il faut qu’il y en ait davantage). Les filles, faites des études scientifiques, le pouvoir de changer les choses est (aussi, beaucoup) là !
Hier, le même Libé (bravo à eux, notamment aussi pour leurs hors-série sur les IA) proposait un autre article passionnant, expliquant qu’il fallait nourrir les IA avec les mythes grecs et toutes les oeuvres de littérature ou de cinéma qui parlent de transhumanisme (qui provient en droite ligne des mythes grecs, sachez-le), si on voulait leur apprendre un tant soit peu une forme d’éthique. Car on ne peut les laisser apprendre de nos seules pratiques. Gardons en mémoire ce chatbot qui en 2 heures de temps sur les réseaux sociaux est devenu affreusement sexiste et homophobe…
L’une des morales de cette anecdote édifiante, c’est que nous aurons toujours besoin de bonnes histoires, intelligentes et aux valeurs pro-humaines, et les IA encore plus que nous.

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2 Commentaires
  • Michèle Bayar
    4 mars 2019

    Avec l’appropriation d’informations sensibles concernant chacun.e d’entre nous, l’IA est en mesure de nous proposer (et elle ne s’en cache pas) des publicités et des articles « dans les domaines de notre intérêt ». Excellent ! si je cherche un joint pour ma fenêtre, je vais voir déferler une avalanche de pubs et idées géniales. Imaginez un peu si j’étais en quête de chirurgie esthétique ou pire si je cherchais un déversoir à mes rancunes, phobies et autres…
    Depuis l’affaire de la ligue de lol (pour rester dans le futile), on sait qu’un réseau social est une cour de récréation de dimensions monstrueuses, mais que nous, les humain.e.s, sommes toujours les mêmes depuis la nuit des temps.

    Puisque j’écris, puisque je lis, L’AI me fait circuler dans le monde du livre et j’y découvre des trésors insoupçonnés dont « La mécanique des vagues » et, plus récemment, « Pour l’amour des livres » de Michel le Bris (publié chez Grasset avec un bandeau « Nous sommes plus grands que nous »). Il n’y est pas question de transhumanisme. Je le cite : « Après tant d’années, l’acte d’écrire me reste toujours un mystère. Et s’il cessait de l’être, sans doute n’écrirais-je plus. »

    L’AI ne connaît pas le mystère de la vie, elle a besoin de nos intelligences humaines pour se nourrir, mais elle est également capable de nous réduire au plus grand dénominateur commun si nous nous laissons faire. Surtout, que rien ne dépasse ! Et que ce soit rentable ! Notre créature nous échappe. Marie Shelley avait vu juste ! Mais nous avons une arme imparable, le livre. L’imaginaire nous propulse magiquement d’un monde à l’autre, qu’on lise ou qu’on écrive. Retrouvons le plus petit commun multiple ! Ajoutons au lieu de diviser. Agrandissons nos vues, nos vies. A vos stylos, à vos lunettes. Vite, un livre !

    • FH
      5 mars 2019

      Merci pour ces mots, Michèle !