Mon fils, aime et coupe-toi la langue

Mon désir d’elle
la fait ressembler à une carafe d’eau glacée
qui circule en plein midi
à la terrasse d’un café.
Mon désir d’elle la pose sur la table
telle une cathédrale claire et fragile,
le litre et le verre.
Mais mes lèvres balbutient de soif
et cette transparence est pour mon esprit
une nuit au milieu du jour.

*

Le soleil est fou de la fraîcheur des carafes.
Elles s’environnent d’une écorce de buée.
Ainsi ta pudeur,
ainsi mon regard.

In « Le cœur aux joues »© La poésie contemporaine française de Suisse – 1974 – P. 79

 

« (…) on n’oubliera jamais les sources

nous avons nos lieder dans le cœur

notre devoir cependant est d’assimiler le monde par l’action

la méditation même

avant de nous fondre dans le brouillard

Je regarde le Rhône

l’eau qui court l’eau qui galope je touche à la Laponie…

le même mot pour dire le renne

le Rhône c’est le grand cerf sauvage

qui détale qui se presse entre deux solitudes : Camargue et glacier  »

(Vocation des fleuves)

 

« Qu’est-ce qu’il y a d’impérissable en Valais ? Eh bien ! la lumière : celle si belle en février sur tous les coteaux, cette rose ardente vers le soir ou cette blancheur entre soie et flamme qui court sur les taches de neige dans le matin. Et puis elle est aussi dans les hommes, c’est le seul avenir auquel je crois, elle est la beauté même du présent (…). » (La haine du passé)

Maurice Chappaz

 

——–

 

 

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