Je continue ma revue ciné à la maison, et j’ai passé un moment à la fois lucide et émerveillé avec les 17 filles de Delphine et Muriel Coulin.

« On ne peut rien faire contre des filles qui rêvent » est la phrase qui pourrait résumer le film tout entier.

J’ai adoré, car il s’agit d’adolescence (la vraie), et d’une forme de révolte complètement dingue.

Le désarroi des adultes face à la détermination de ces jeunes filles au regard clair et droit est jubilatoire.

Cette histoire rappelle que les filles ont le droit de disposer de leur corps même à 16 ans seulement, et personne, même pas leurs parents, ne peut les obliger à avorter, ou à ne pas avorter. A partir de là, chaque fille peut influer sur son destin, et s’opposer à un monde qui aimerait les contraindre. Le scénario repose sur un climat de crise, où les perspectives des jeunes ne sont pas très enthousiasmantes. Un parallèle est fait avec le frère de l’héroïne, qui revient de la guerre : « on a pris 10 ans toi et moi, moi avec ce que j’ai vu, toi avec ce que tu as fait. » Il ajoute : « on est toujours seuls ». Leur avenir à tous deux est sombre. Mais elle, croit-elle, elle aura ce bébé qui l’aimera toujours, sans condition, et elle rayonne avec cette foi. Lui a côtoyé la mort, mais elle porte la vie. Son avenir, croit-elle, ne peut qu’être moins sombre avec cette lumière qui grandit en elle. De victime elle devient héroïne en un rien de temps.

On peut se poser indéfiniment la question de savoir si elle a tort ou raison, peu de chance qu’on trouve une réponse abasourdissante, mais c’est cela à mon sens le véritable féminisme s’il faut citer ce mot : ne jamais se considérer victime, quoi qu’il nous arrive, mais toujours héroïne (je pense soudain au très beau livre de Marie Ndiaye, Trois femmes puissantes). C’est valable pour les garçons : soyez des héros.

Changer le monde est le désir de ces jeunes filles. Une illusion plus porteuse d’énergie qu’une autre… La vie, au final, aura toujours le dernier mot, quelle que soit la décision prise. Mais les contraintes de la société auront l’avant-dernier.

Le film réussit le pari extrêmement périlleux de ne pas prendre parti pour ou contre l’IVG. Il ne prend le pari que de la liberté – c’est la seule chose, essentielle, que l’on devrait retenir et défendre, au-delà de tous les combats de chapelle -, et il y réussit beaucoup mieux de ce point de vue que le film Juno de Jason Breitman, que j’avais beaucoup aimé mais qui m’avait laissé un sentiment de malaise à ce propos.

 

Et puis cela se passe sur les plages de Bretagne, on sent l’iode et le sable à chaque plan, et les caprices de la météo rejoignent les caprices de la vie.

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