Bien que débordée, je prends le temps de vous parler de mes dernières lectures – le rendez-vous de ce blog que je trouve incontournable, et je veux m’y tenir. Partage oblige !
D’abord parlons des amies. De celles qui, par exemple, alors que vraiment à l’ouest je n’avais même pas capté que le salon, situé à l’est, d’ailleurs, où j’étais en dédicaces, se trouvait à 20 minutes de chez elle, ELLE l’avait capté, en suivant le cours de mes déplacements via Facebook. Et en plus, ELLE est venue me voir par surprise (belle surprise), et a même passé toute la matinée avec moi. Par un hasard fou j’avais son bouquin dans mon sac (j’ai l’air de toujours vous raconter des choses incroyables, des coïncidences proches du paranormal, et pourtant… Toute vie est un roman si l’on sait voir et accueillir les signes qu’elle offre). J’étais donc en train de le lire, et l’ai fini dans le train juste après l’avoir vue, elle. Ca a donné une saveur particulière à ma lecture. Quel livre ? Celui-ci :
L’intranquillité de Marion Muller-Colard, est un essai proche de l’auto-fiction, comme sait si bien le faire Marion (L’autre Dieu était une véritable réussite dans le genre). Celui-ci est plus court, mais tout aussi fulgurant, avec des phrases du style : « On ne peut que consentir et espérer qu’on s’en tire », qui me réjouissent diablement – oups pardon, car ici il est question de Dieu, d’Evangile parfois, de religion en tout cas, c’est de là que part sa réflexion de croyante, mais cette réflexion parle à tout le monde, même les mécréants comme moi. De plus en plus, moi, je ne vois pas où est la différence entre un croyant et un non-croyant ; on est juste névrosés autrement !… Mais intranquilles de la même façon. Et si on ne se reconnait pas forcément entre athées ou croyants, je crois bien qu’on se reconnait assez vite entre intranquilles – de cette belle intranquillité dont parle Marion.
Et puis il y a cette autre amie que je ne connaissais pas seulement deux jours auparavant. J’espère qu’elle ne s’offusquera pas que je l’appelle déjà « amie », mais je ne saurais l’appeler autrement après avoir discuté avec elle, et surtout après avoir eu l’idée de lire son tout petit roman Lettres d’un mauvais élève, sur le lieu du salon du livre où nous étions toutes les deux.
Bon, eh bien, Gaïa Guasti, en quelques pages, m’a cueillie par surprise. J’ai commencé à avoir les larmes aux yeux page 35, pour pleurer pour de bon en dernière page. Oui oui, en plein salon du livre ! Bon bon je me suis vite ressaisie. Mais ensuite je suis allée lui en parler. Et là bam, on s’est toutes les deux mises à pleurer en même temps. Mais oui mais oui, en plein salon du livre ! N’est-ce pas là une belle rencontre d’intranquilles ? Amie, donc.
Ces deux lectures-là sont venues juste après ma lecture des 3 premiers tomes d’Elena Ferrante, qui nous narre l’histoire de deux amies, justement, et pour ce qui est de l’intranquillité, on est servis là aussi ! L’amie prodigieuse, qu’en ce moment je recommande à tout le monde, même si ce best-seller est loin d’en avoir besoin.
Le premier tome est une véritable pépite. L’enfance et l’adolescence dans le Naples des années 40-50 sont évoquées avec une beauté, une pureté et une cruauté très très réussies. Les deux autres tomes sont plus inégaux, mais c’est peut-être personnel : le long séjour à la plage du tome 2 a fini par m’ennuyer, et l’amour pour le très inconstant Nino a fini par m’agacer. Mais c’est secondaire. Ce qui est passionnant, c’est l’évolution de ces deux femmes brillantes, à l’intelligence aiguisée, mais au parcours si différent, qui tentent de s’en sortir dans une Italie largement sexiste, chacune à leur manière. Le troisième tome est plus politique, notamment concernant le féminisme. Les freins de toutes sortes opposés à ces deux amies sont décrits de manière très subtile. De plafonds de verre en plafonds de verre, elles s’y cognent, s’endorment en-dessous quelques temps, avant d’y créer des brèches pour s’y faufiler. C’est passionnant. J’espère que de nombreux hommes ont lu ou liront ces romans… Car ces récits d’initiation aux héros masculins que nous, lectrices femmes, nous avons avalés en quantité astronomique dès le lycée, sont peu connus dans leur versant féminin… parce que les hommes les jugent souvent inintéressants. Comme si cette moitié d’humanité n’était pas eux. Ce qui est profondément injuste, et triste. Certains hommes traversent ainsi leur vie en disant qu’ils ne comprendront jamais les femmes. Les pauvres.
Et comme tous les fans, j’attends la traduction du tome 4 avec impatience, même si je m’en défends en prenant des airs détachés…