Dans l’ordre, voici mes deux dernières lectures, peu nombreuses par manque de temps :
D’abord, après mon coup de coeur sur D’après une histoire vraie, j’ai eu très envie de lire le roman dont Delphine de Vigan parle beaucoup dans D’après… : Rien ne s’oppose à la nuit.
Le talent de Delphine de Vigan ne se dément pas, dans ce roman où elle choisit, exercice périlleux, de raconter sa mère. Elle y parvient avec force et émotion. Elle sait nous capter et nous fait aimer à la fois le sujet et la narratrice, aux intranquillités si humaines. J’ai cependant beaucoup moins aimé que D’après une histoire vraie qui manipule le lecteur avec une virtuosité jouissive, et qui joue avec le genre de l’autofiction qui, ici, est brut et pur, et en ayant beaucoup lu d’autofiction à une période, j’avoue en avoir fait un peu le tour et en avoir éprouvé les limites… tout comme Delphine de Vigan je suppose, qui a eu besoin de jouer avec le genre après ce roman-ci.
Puis je me suis lancée dans Dans le désordre, de Marion Brunet.
Je n’avais encore jamais lu Marion, que je connais un petit peu, et je ne regrette pas de m’y être mise ! J’ai beaucoup aimé ce roman qui dépeint des jeunes gens aux idéaux forts voire absolus, et qui en éprouvent douloureusement les limites. Ce qui est beau c’est qu’aucun jugement n’est porté sur personne, aucun stéréotype n’émerge, et il n’y a pas les méchants et les purs qui s’opposent de façon manichéenne. Bien qu’écrit à la troisième personne, on reste à hauteur de la jeunesse comme si nous étions ces jeunes, et c’est une bouffée d’air frais, puisque c’est juste. La relation amoureuse en particulier est admirablement dépeinte, dans toutes ses dimensions, et le beau Basile existe tellement ! Marion n’évacue pas les incohérences de Jeanne, notamment dans une scène sans concession avec une SDF, qui rattrape tous les agacements que j’ai pu avoir concernant ce personnage issu de milieu favorisé. Bref, c’est subtil, fin, beau, cela prend enfin les jeunes gens pour de vrais êtres humains qui existent et en ont le droit, et qui le réclament avec force sans trouver la légitimité pour le faire. C’est une tragédie contemporaine telle qu’on en lit peu : eh oui, il existe encore de vraies histoires en ce monde, et autant de romans à écrire pour les faire connaître.