L’autre jour, j’ai lu ce livre à mes enfants :
Et j’ai été charmée autant par le texte que par les illustrations qui propulsent directement dans le monde merveilleux et très moelleux du rêve, du grand Claude Ponti.
Dernièrement je suis tombée sur des romans didactiques pour l’âge de mes enfants – 7 et 10 – qui m’ont paru complètement à côté (genre le petit enfant suprêmement intelligent et sensible qui se pose des questions philosophiques avec une clarté expressive étonnante – cela part d’une bonne intention mais je trouve ça très lourd et souvent ça sonne très faux).
Heureuse surprise donc avec Pochée qui évite cet écueil, d’abord parce qu’il s’agit de l’histoire d’une tortue. L’animisme naturel du jeune lecteur est flatté, et l’identification peut se faire avec une distance confortable (enfin on connaît le truc depuis l’origine des contes animaliers). Mais surtout on peut se permettre davantage de finesse. Il y est question de deuil (encore une fois, j’ai pas fait exprès, je ne savais pas que ce livre en parlait), du sens de la vie, de ce qu’est qu’être « une fille bien » (il y a quelque chose de très drôle derrière ça vu qu’aucune réponse n’est donnée et ça tombe bien : on s’en moque), et des choix possibles pour un bonheur singulier (une parenthèse pour rien mais juste parce qu’aujourd’hui j’aime les parenthèses).
Mes enfants ont été passionnés par le destin de la petite tortue Pochée, mais la fin les a laissés un peu interloqués (alors qu’elle m’a beaucoup plu). Mais la réussite est là : ma fille de 10 ans a fini par dire : « et si c’était une histoire normale, cela se serait fini comme ceci, comme cela. Dans une histoire normale, quand elle rencontre l’autre tortue, elle aurait fait ceci, cela… ».
Pochée n’est donc pas une « histoire normale », dans le sens pas du tout « dans la norme », l’air de rien, avec tous les ingrédients du conte « normal », et c’est assez philosophiquement profond pour l’âge donné.