Dernières lectures qui m’ont apporté beaucoup de plaisir.

Un roman graphique, Polina, dont j’ai aimé le style épuré, et la grâce présente dans chacune des vignettes.

Une BD-essai, drôle et instructive : L’art – Conversations imaginaires avec ma mère. Pour tous ceux qui ont une mère qui trouve que Picasso, c’est vraiment nul (qu’est-ce que j’ai ri !).

 

Connexion directe avec Instants de vie de Virginia Woolf. Impression qu’une amie me parlait. Virginia Woolf a réussi, en parlant de Moments of being, a en créer un pour ceux qui la lisent. La lire, c’est vivre.

 

« Ce sont là certains de mes premiers souvenirs. Mais bien entendu, en tant que récit de ma vie, ils peuvent égarer ; parce que les choses dont on ne se souvient pas ne sont pas moins importantes ; peut-être sont-elles plus importantes. Si je pouvais me rappeler une journée entière, je serais capable, superficiellement du moins, de dire ce qu’était la vie quand j’étais enfant. Malheureusement, on ne se rappelle que ce qui est exceptionnel. Et il ne semble pas y avoir de raison qui explique qu’une chose soit exceptionnelle et une autre non…

Souvent, en travaillant à mes prétendus romans, j’ai été déconcertée par ce même problème, c’est-à-dire, comment décrire ce que, dans ma sténo personnelle, j’appelle le « non-être ». Chaque jour contient beaucoup plus de non-être que d’être… Le véritable romancier parvient d’une manière ou d’une autre à rendre les deux sortes d’être. Je crois que Jane Austen y arrive, et Trollope, peut-être Thackeray, et Dickens, et Tolstoï. Moi, je n’ai jamais été capable de rendre les deux. »

« Je persiste à croire que l’aptitude à recevoir des chocs est ce qui fait de moi un écrivain. J’avancerais en guise d’explication qu’un choc, dans mon cas, est aussitôt suivi du désir de l’expliquer. Je sens que j’ai reçu un coup, mais ce n’est pas, comme je le croyais enfant, un simple coup d’un ennemi caché derrière l’ouate de la vie quotidienne ; c’est le témoignage d’une chose réelle au-delà des apparences ; et je la rends réelle en la traduisant par des mots. C’est seulement en la traduisant par des mots que je lui donne son entière réalité. Cette entière réalité signifie qu’elle a perdu son pouvoir de me blesser. Elle me donne, peut-être parce qu’en agissant ainsi j’efface la souffrance, l’immense plaisir de rassembler les morceaux disjoints. Peut-être est-ce là le plus grand plaisir que je connaisse. »

« J’écris ceci en partie pour retrouver ma notion du présent en me servant du passé pour faire l’ombre sur cette surface défoncée. Laissez-moi donc, telle une enfant qui avancerait pieds nus dans une froide rivière, descendre le cours de l’eau une fois encore. »

Cette dernière phrase est évidemment très émouvante, lorsqu’on sait comment Virginia a choisi de tout faire cesser…

Et puis la lecture d’un bouquet de fleurs (un florilège). Les Fioretti de Saint François d’Assise : une succession de petits récits émouvants ou drôles, en tout cas toujours purs. Les histoires de simplicité ne sont pas réservées aux croyants, surtout lorsqu’elles ressemblent ainsi à des contes, où l’on fait tournoyer un prêtre à un carrefour pour savoir quelle direction prendre, où les loups comprennent le langage humain et le font comprendre en hochant la tête, où les oiseaux s’élèvent en troupe pour, tout en chantant et gazouillant, se disposer en dessins dans le ciel, où les poissons se regroupent pour tendre les ouïes…

« Les petits frères, comme les oiseaux du ciel, ne devraient rien posséder en propre… »

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