Un homme roux
Il était une fois un homme roux, qui n’avait d’yeux ni d’oreilles. Il n’avait pas non plus de cheveux et c’est par convention qu’on le disait roux.
Il ne pouvait parler car il n’avait pas de bouche. Il n’avait pas de nez non plus.
Il n’avait même ni bras ni jambes. Il n’avait pas de ventre non plus, pas de dos non plus, ni de colonne, il n’avait pas d’entrailles non plus. Il n’avait rien du tout ! De sorte qu’on se demande de qui on parle.
Il est donc préférable de ne rien ajouter à son sujet.
Daniil Harms, dans Écrits, éditions Christian Bourgeois, traduction Jean-Philippe Jaccard.