Aujourd’hui, chers enfants, nous allons nous intéresser aux critiques internautiques (il faut croire que je prends goût aux petites enquêtes).
Vous avez remarqué, si vous vous intéressez aux auteurs jeunesse, que ces derniers font grand cas des articles que l’on trouve sur le Net à propos de leurs livres, et ceci pour une bonne raison, c’est que la littérature jeunesse est quasiment invisible dans les médias « officiels ». Si une émission de radio ou un encart dans un magazine s’y intéresse, c’est à 90 % pour parler d’albums jeunesse et non de romans (parce que c’est plus rapide à lire ?). Je généralise, bien sûr, parce que, oui, il arrive qu’on parle de romans jeunesse dans la presse écrite (et parfois même des miens : cliquer sur presse dans le menu à droite), ou à la radio et rarement mais quand même à la télé. Ne crachons donc pas dans la soupe.
En dehors des médias grand public, il existe je crois des magazines pour bibliothécaires qui font la part belle à la littérature jeunesse, mais cela ne circule que dans le cercle de ces prescripteurs (ce qui n’est déjà pas mal, cela dit).
Or, donc, heureusement, il y a, tatata : les blogueuses.
Qu’il s’agisse essentiellement de femmes reste un mystère sociologique que j’aimerais beaucoup ne pas corréler avec cette anecdote : lors d’un salon du livre l’une d’elles, munie de son appareil photo, s’approcha d’un éditeur pour lui demander une interview. L’éditeur refusa poliment en grinçant ensuite une fois qu’elle se fut éloignée : « encore une bonne femme qui s’ennuie à la maison ». Le fait que ce soit une activité bénévole qui n’apporte que bien peu de reconnaissance ? Le fait que ça ne concerne que nos mioches ? Non, ça ne doit pas être ça…
Bref.
– Une exception qui fait du bien ici (Littérature jeunesse) par un prof documentaliste passionné. –
Auparavant il faut évoquer les critiques plus officieusement officielles. Ricochet est le premier dans ce domaine, créé par des critiques spécialisés et des chercheurs en littérature jeunesse, et on peut faire confiance à ses critiques, toujours très pertinentes et construites. Je connais ensuite Choisirunlivre. J’étais assez circonspecte sur ce site car j’ai eu un mal fou à trouver à qui appartenait ce « regard exigeant, critique et informatif ». J’ai finalement décelé quelques part qu’il s’agissait d’une vingtaine de contributeurs profs de français, bibliothécaires, instits, psys, journalistes etc… Cependant, les critiques signées uniquement d’initiales sans savoir à qui elles appartiennent (est-ce le prof, le psy, le bibliothécaire ou l’instit qui l’a signée ? C’est quand même pas pareil), jamais aucun nom complet nulle part, et leur grande ambition affichée : « aider éducateurs et parents à choisir les meilleurs ouvrages », tout ça personnellement me dérange pas mal, mais bon (certains de mes livres eu de très bonnes critiques sur leur site, qu’on ne m’accuse pas de représailles indues, je trouve juste qu’un peu plus de transparence serait bienvenue).
Le site et la revue Citrouille, qui regroupe de nombreuses librairies jeunesse, regroupe aussi leurs critiques. Il s’agit d’un regard professionnel très aiguisé. Parfois Citrouille recense aussi les avis d’associations comme Livralivre. Ce qui nous amène à les ajouter à notre liste de critiques du Net : les assos (Biblioblog…)
Evoquons rapidement les webzines spécifiques, comme ActuSf spécialisé dans la SF, fantasy, etc… Mais on ne s’y cantonne pas à la jeunesse, et là, (donc ?) ce sont des journalistes tout comme en presse papier.
J’en arrive maintenant aux blogueuses critiques évoquées au tout début de ce billet. La plupart sont professeurs de documentation, bibliothécaires, professeurs de français, instits. Parfois, elles sont même journalistes, qui n’ont peut-être pas trouvé le journal prêt à consacrer toute la place qu’elles désiraient donner à ce domaine. Elles sont donc des professionnelles de l’enfance ou de l’adolescence, avec une légitimité à parler de littérature jeunesse, et nécessairement en dehors des clous médiatiques (ni l’Education Nationale, ni la presse écrite ne sont prêtes à relayer leurs avis). Le grand avantage qui en découle, c’est leur indépendance. Elles ne sont payées par personne, elles ne tiennent leur blog que par amour de la littérature jeunesse, et si certains éditeurs, sans doute, envoient maintenant leurs nouveautés à celles qui ont acquis une certaine notoriété, cela reste assez loin d’une emprise qui les amènerait à « faire plaisir » à l’un ou l’autre.
Cela se rapproche parfois d’un véritable travail journalistique, mais c’est le plus souvent surtout un partage (à prendre comme tel) très éclairant, de la part de lectrices guidées uniquement par leur goût et leurs envies, qui vont avec bonheur des tout petits éditeurs jusqu’aux grands.
Mais parfois les avis sont très adultes, trop adultes. Aussi ce que je préfère par-dessus tout, ce sont les réactions des enfants et des ados eux-mêmes, bien entendu ! Même si (gloups), ce n’est parfois pas très facile à avaler, les enfants n’ayant par bonheur aucun mal à dire qu’un livre leur a déplu. Et de ces critiques précieuses, on en trouve sur leurs propres blogs, sur des forums, des sites de bibliothèques, lorsqu’un prix jeunesse est organisé, ou encore mieux en vrai lorsque je les rencontre en classe ou lors des salons. N’oubliez pas aussi, chers enfants, chers ados, que j’ai configuré ce site-même où vous vous trouvez de façon à ce que vous puissiez laisser vos avis sur chacun de mes ouvrages.