Alors oui, tout à fait, je n’ai lu dernièrement que les romans jeunesse de personnes que j’allais être amenée à rencontrer, dans le cadre de tables rondes par exemple, ou de personnes déjà rencontrées lors de salons, et qui m’ont beaucoup plu. Mon choix récent de lectures jeunesse françaises a honteusement été fait par amitié et affinités envers leurs auteurs et autrice ! C’est un fil de lectures comme un autre.
Dans le ventre de Fianna Sin, de Fanny Chartres

Je commence par ce formidable roman que j’ai dévoré ! J’ai adoré avoir peur sans être réellement terrifiée. Fanny Chartres a une très belle plume, et elle a su donner vie à son héroïne avec beaucoup de justesse. Les relations familiales dans leur ensemble sont très bien rendues. Et bien entendu, la thématique féministe m’a beaucoup intéressée. Ajoutons que l’autrice nous concocte de malins petits pièges destinés à nous faire craindre le pire. J’ai reconnu cette malice assez délicieuse en la personne de Fanny, en faisant sa connaissance, avec un air de ne pas y toucher qui me fait penser qu’elle nous réserve encore d’autres beaux romans délicats, forts et surprenants.
Le don de Marin, de Ingrid Thobois

Je connais Ingrid depuis assez longtemps, et je l’ai retrouvée avec plaisir dans ce roman sensible et surprenant. C’est un roman réaliste qui se déroule en 2034 (ce n’est pourtant pas vraiment de la SF), et qui parle de PMA, mais pas seulement. Pour moi, c’est en premier lieu un roman sur l’amour. L’amour filial, l’amour amical, l’amour-amour, l’amour de soi. Marin possède une vraie voix, entre humour et gravité qui fait le sel des bons romans jeunesse.
On ne dit pas Sayonara, de Antonio Carmora

Antonio Carmona était mon voisin de tables de dédicaces au festival de Saint-Etienne. Il m’a semblé fort sympathique, suffisamment pour avoir envie de lire son premier roman jeunesse, et je n’ai pas été déçue. J’ai beaucoup aimé la tendresse et la sympathie qu’il montre pour chacun de ses personnages. C’est sensible et beau, et je dois bien dire que c’est assez rare, les auteurs jeunesse français qui s’attaquent à cette tranche d’âge des 9-13 ans, assez délaissée en France dans le domaine réaliste, avec autant d’empathie. Là aussi, c’est drôle, grave et délicat à la fois. Mention spéciale pour la sautillante Stella, que j’ai adorée !
Reine de l’ouest, de H. Lenoir

J’étais assez rétive car les romans dont on est le héros ou l’héroïne, ça n’a jamais été ma tasse de thé. Et j’avoue avoir été très déroutée au début de ma lecture. « Qu’est-ce que je suis en train de lire ? » me suis-je longtemps demandé. Cela m’a donné envie de ne pas aimer du tout, je l’avoue. Puis, quand j’ai compris l’intention de l’autrice, id est « écrire un roman érotique et drôle », là je me suis laissée embarquer – parce que j’ai arrêté d’en attendre autre chose que ce que ce genre pouvait m’offrir. Et dès lors, je me suis beaucoup amusée, et j’ai commencé à apprécier la légèreté du roman et la virtuosité de l’autrice. Pas facile j’imagine d’écrire tout un roman à la 2e personne ! Et les divers chemins possibles, au choix suivant ses inclinations, désirs de pudeur ou d’effronterie, sont assez malins.
Aussi n’ai-je qu’un regret, c’est que l’éditeur ait choisi de ne pas annoncer la couleur. Il en annonce même carrément une autre, avec cette illustration : on croit acquérir un western d’aventures « classique ». S’il y avait eu inscrit quelque part : roman érotique pour jeunes adultes, j’aurais adhéré tout de suite.
(Par ailleurs, H. Lenoir est une personne éminemment sympathique, sachez-le !).