Viens de terminer *Nous sommes l’étincelle* de l’ami Vincent.
Admiration devant la construction audacieuse, sans qu’on en ressente le labeur. Maîtrise parfaite de la narration, de la 3e personne, du choix des temps, du saut dans les époques, du sens de chacune.
Mais surtout belle maîtrise des personnages et de leurs destins (politiques et intimes, indissociables).
(Ces personnages, leur destin, leurs rencontres, ces générations, ce fut passionnant…)
Violence, aussi. Omniprésence du risque de viol (envers de jeunes voire très jeunes femmes) qui est le seul bémol que je pourrais apporter, car je me suis sentie obligée de lire ce roman en pensant à mon corps de femme, corps dans un état d’insécurité paralysant, affaiblissant ce sentiment de puissance que l’on ressent avec une bonne lecture, surtout quand il s’agit d’une histoire qui narre la prise en main de son destin et d’un destin collectif (sentiment d’affaiblissement que je ne ressens pas avec une autre forme de violence – c’est très questionnant, cela, d’ailleurs).
Heureusement, de beaux personnages féminins sauvaient de ce malaise, des femmes qui étaient dans l’action, la politique et le désir – voire dans la politique du désir : très belles scènes de femmes qui avouent leur désir sans détour…
Plaisir d’un très beau langage, superbe parfois – poésie toute en retenue, pas un mot de trop.
C’est au final une belle et juste u/dystopie (les deux indissociables aussi, hélas), à l’aspect « SF » léger, bien dosé mais surtout bien fait (un peu de Blade runner avec la filature du flic Hugo, un peu de Mad Max avec les braconniers), mais surtout une vision politique, en prise avec notre monde actuel et les crises qui le traversent.
Mais ce qui reste le plus prégnant c’est l’idée d’une famille, et ce qu’on apprend aux siens, ce qu’on leur laisse, pour qu’ils puissent éventuellement continuer sans nous… quoi que soit ce qu’ils continuent. Et cela, c’est beau.