Parlons empan perceptif en lecture (eh, pourquoi pas ?).
Kézaco ? J’ai trouvé cette définition : l’empan perceptif se définit comme la région du champ visuel autour du point de fixation à l’intérieur de laquelle l’information utile est extraite. Il est communément admis que cet empan perceptif s’étend horizontalement de 3-4 caractères à gauche du point de fixation jusqu’à 15 caractères à sa droite (pour les langues se lisant de gauche à droite ; Rayner, 1998).
C’est une notion importante car les mouvements oculaires sont rapides et coûteux, et si l’on veut les réduire, il faut réfléchir à la mise en page des textes proposés à la lecture.
La quasi-totalité des études qui ont porté sur l’empan perceptif en lecture ont eu pour but de déterminer ses limites horizontales, or moi, j’ai toujours été gênée verticalement, par un problème dont je n’ai jamais entendu parler auparavant (serais-je seule ?) : les interlignes ENORMES.
Beaucoup, beaucoup de romans me tombent des mains en ce moment, c’est pourquoi je n’en parle pas, certes je suis de plus en plus exigeante, mais force est de constater que j’ai encore plus de mal avec les romans qui ont des interlignes quasiment plus grands que la hauteur de la police utilisée (eh oui cela me gêne encore davantage qu’une police trop grande, mais lorsque les deux sont couplés, no way…)
J’ai toujours aimé les écritures bien serrées. Même enfant, et c’est important de le signaler. J’écrivais dans mon journal de façon très serrée, car il m’importait que la page contienne le plus d’informations possibles. A la lecture, c’est pareil. Quand les lignes sont très espacées, la page contient mécaniquement moins d’informations. Il suffit que l’auteur ou l’autrice se lance dans une petite description ou une scène de transition pour que, pendant au moins trois pages, « il ne se passe rien », comme disent les ados.
Et c’est bien là où je veux en venir : la littérature pour ados ou jeunes adultes, où on retrouve les mêmes interlignes énormes que dans les livres pour enfants, où cela peut (peut-être ?) se justifier pour aérer le texte, et ne pas submerger d’informations un enfant peu expert en lecture. Mais les ados ont-ils besoin de cela ? Pire, n’en sont-ils pas gênés ?
Je suis depuis toujours consternée par la mise en page des romans pour ados. J’ai demandé quelquefois que l’interligne soit réduit dans mes propres romans. Peine perdue. Ca semble être la norme des grands formats. Je ne me vois rassurée et sereine qu’avec la mise en page de mes romans passés en poche chez PKJ (j’ai un amour fou par ex pour la mise en page de mon Quatre filles et quatre garçons chez PKJ).
Cette tendance a infusé en littérature générale, sans doute pour que le volume soit plus gros donc vendu plus cher (j’imagine, sinon je n’en vois pas la raison), mais y a-t-il une vraie réflexion derrière ? Ne se demande-t-on pas si cela rebute au lieu d’attirer ? Cela ne génère-t-il pas un sentiment d’ennui ? (Chez moi, oui, en tout cas, c’est sûr).
Tout cela n’est qu’empirique et ne part que de mon propre sentiment, de mes propres impressions, et j’ignore si ma réflexion est fondée. Mais pour ma part, c’est un critère de choix de lecture désormais : je ne lis que des textes à interlignes raisonnables, car lire les autres me donne l’impression de mordre dans du vent.
EDIT : on me fait remarquer que c’est peut-être pour prendre en compte les dys et/ou les déficients visuels. J’y ai pensé, bien sûr, en écrivant cette réflexion, et ce serait une attention louable, mais si jamais cela gênait vraiment la lecture de tous les pas-dys et qui ont une bonne vision, ce serait quand même un vrai souci.