Le mois de juin. Ses fêtes, ses répétitions et galas de danse, ses auditions de piano, et encore par bonheur j’échappe aux rituels pots de départ à la retraite ou dus à une mutation que connait chaque enseignant à peu près cent-vingt fois dans sa carrière (sans compter que dans un cas de retraite lorsqu’on dit « tu vas nous manquer » on pense généralement en parallèle : « heureusement pour les gamins qu’il/elle arrête enfin », éventuellement : « pour nous aussi »). J’échappe désormais avec soulagement à bon nombre de ces sommets, et il arrive rarement qu’un collègue auteur m’invite à un pot de départ à la retraite car de retraite nous ne prenons généralement point (je ne sais s’il faut en plaindre les lecteurs).
Le mois de juin et son effervescence, donc, d’autant plus fiévreux que nous pressentons l’arrivée brutale d’un trou spatio-temporel caniculaire et languissant. Ce sera alors la pause de nombreux humains, la grève des éboueurs, et la fête des gabians et des rats sous un soleil dont l’idée de plomb me renvoie invariablement à cet épisode de la quatrième dimension où une fille se réveillait dans un monde apocalyptique écrasé par un soleil trop grand alors qu’en vrai elle crevait de fièvre dans un monde apocalyptique éteint par un froid polaire. J’adorais la quatrième dimension. Jamais compris la troisième.
Mais donc courage chers amis. N’oubliez pas tout de même que ce mois de juin est une période de l’année absolument fabuleuse si l’on sait la goûter et l’écouter. Douce, à la lumière coupante, zébrée par les cris des martinets (ou des hirondelles, ne me frappez pas), mais où je trouve le moyen de choper la grippe – ou équivalent -, allez comprendre (et oh ne vous méprenez pas, le venin de cet article est uniquement dû au fait que je suis balade).
Tout cela est relativement normal au fond. N’ayez pas peur. Vous venez juste de pénétrer… dans le mois de juin.