Ce matin je me suis un petit peu énervée en lisant Le Monde. J’ai fait cette story :

En fait au début de la lecture de cet article, je n’arrêtais pas de me demander : ont-ils utilisé « adolescents » comme terme générique (filles + garçons) ou juste dans son acception masculine – ce qui aurait été le plus juste et le plus logique. My bad, j’ai vite compris, dès qu’ils ont osé avancer qu’il n’y avait pas de « profil particulier », que c’était bien comme terme générique. L’article entier nage donc dans ce flou sémantique jusqu’à s’aveugler soi-même, ce qui, pour un objet journalistique, manque singulièrement de rigueur. Nous manquons vraiment de réflexion sur les effets de cette utilisation du masculin, tantôt comme générique, tantôt comme uniquement masculin – l’interprétation au petit bonheur la chance du terme donne des articles voire des conclusions de recherche creux, sans cohérence.

Envie d’aller un petit peu plus loin dans cette réflexion sur les effets pervers de l’écriture non-inclusive.
Nos biais sociétaux sont tels qu’un terme masculin utilisé comme terme générique permettra, suivant le cas, soit d’invisibiliser les filles/femmes dans leur entièreté, soit d’invisibiliser la responsabilité des garçons/hommes. Dans les deux cas, qui perd à tout coup ? Surpraïze : les êtres humains de sexe féminin.
Exemples :
– « Grâce aux écrivains, notre regard sur le monde s’élargit. »
Vous visualisez qui ? Surtout des hommes qui écrivent.
– « Les actes de violence augmentent parmi les adolescents. »
Vous visualisez qui ? Des garçons et des filles.
Dans les deux cas, si on utilise un terme masculin comme un terme générique, on aura tendance à attribuer les valeurs positives davantage aux hommes, et à faire partager les valeurs négatives aux deux sexes, pour éviter de charger la responsabilité des hommes. Etrange, non ? (Non).
Y A-T-IL UNE SOLUTION ? OUI !
Prenons simplement l’habitude de marquer le sexe de chacune et chacun, quand le terme n’est pas épicène, pour davantage de clarté. Vous éprouverez alors toute la force d’honnêteté de l’écriture inclusive.
Si l’on écrit : « Grâce aux écrivaines et aux écrivains, notre regard sur le monde s’élargit », on comprendra bien davantage qu’on parle essentiellement des garçons si on avance ensuite : « Les actes de violence augmentent parmi les adolescents. »
CQFD.
PS : au cas où il vous donnerait de l’urticaire, utiliser l’écriture inclusive sans point médian, c’est possible (la preuve dans tout cet article).
PhA
12 juin 2025« – « Grâce aux écrivains, notre regard sur le monde s’élargit. »
Vous visualisez qui ? Surtout des hommes qui écrivent. »
Exemple intéressant. Parce que grâce aux écrivains, en réalité, rien du tout. Grâce aux textes, peut-être, à la rigueur. La personne ne compte pas – on ne devrait même pas avoir besoin de savoir qui a écrit. Notre époque exalte la personne, au lieu de voir ce qui est fait, ou pas. Le mérite de l’écriture inclusive, c’est de souligner à quel point une phrase du style « Je suis écrivain » / « Je suis écrivaine » / « Je suis écrivain.e » est dérisoire. Valorisons le faire, et laissons l’être à sa modeste place.
FH
12 juin 2025Si l’on écrit « grâce aux textes littéraires, notre regard sur le monde s’élargit », l’effet pervers est le même : on imagine essentiellement des textes écrits par des hommes – parce qu’il est humain d’imaginer la personne qui produit de l’art – parce que l’art est une manifestation d’humanité. Quant à ce discours d’humilité, il est très séduisant, j’y souscrirais volontiers s’il ne défavorisait toujours que les mêmes – les populations non dominantes – tout en favorisant toujours les dominants. Allons-y, ne disons plus « je suis écrivain », et que les hommes commencent, en ce cas. Lorsqu’ils le feront, que plus jamais je ne lirai ou entendrai « je suis écrivain », promis, je ne dirai plus « je suis écrivaine ».
FH
12 juin 2025Cela dit le véritable sujet de cet article c’est la montée de la violence chez les jeunes garçons. Et la manière dont l’écriture non-inclusive donne une vision borgne de cette réalité. Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde.