C’est le 101 ème article de ce blog qui parle de mes dernières lectures ! (pour les trouver toutes, allez dans Catégories, dans la barre latérale droite, puis cliquer sur Lecture).

Voici ma dernière moisson enthousiasmante.

D’abord un roman offert par Chloé, ma libraire préférée-adorée qui hélas est partie travailler plus loin de chez moi que jusqu’ici (quelle perte !). La finaude savait que La peau dure de Raymond Guérin (éditions Finitude) me plairait.

Ce texte, écrit en 1948, est d’un réalisme social frappant. L’auteur se met dans la peau de trois femmes, trois soeurs issues du « petit peuple », et qui en bavent. La langue, à l’instar d’un Céline, à la première personne, est âpre, elle bute, elle est sincère, elle comprend et ne comprend pas. Cette forme de lucidité, de mots et de pensées crues, et de déni obligatoire sous peine de sombrer encore plus bas, cela me fascine et me bouleverse. Cette dignité, bordel… Et puis ce sont de vrais portraits de femmes, qui n’évacuent en rien leur réalité de femme. Car non, la femme n’est pas un homme comme les autres, et c’est du féminisme que d’en être conscient, et consciente. C’est donc une immersion totale à la fois dans une époque et dans trois corps féminins. Une expérience à tenter, que je vous recommande chaudement, surtout parce que, hélas… quelles résonances avec aujourd’hui… De pareils textes doivent encore être écrits, pour mettre à jour cette actualité-là…

Pour la petite histoire, Truffaut, qui aimait beaucoup cet écrivain, a intitulé son film La peau douce, en référence à cette peau dure-là.

 

Puis j’ai lu ce roman d’Emmanuel Carrère, La moustache (oui j’ai été très épidermique ces derniers temps), éditions Folio.

 

Il y a juste eu un moment où les tergiversations morales du héros m’ont lassée, peut-être ce texte aurait-il dû être plus court, il a de toute façon la force d’une nouvelle, et j’ai bien fait de persister. J’ai beaucoup aimé être baladée par l’auteur entre le vrai, le faux, la lucidité, la schizophrénie, et on tourne les pages pour avoir le fin mot de tout ça : qu’est-ce que c’est vraiment, au fond ? On est aussi angoissée que le personnage, qui ne sait pas ce qui lui arrive, qui ne sait même pas si c’est à lui que cela arrive, ou aux autres. Est-ce une blague, une vue de l’esprit ? Il faut du courage pour aller jusqu’au bout de ce qui finalement advient comme une évidence, uniquement dans les dernières pages. Une réflexion abyssale sur l’image que nous renvoyons aux autres, et celle que nous voyons dans le miroir. Nous ne pouvons exister que dans ces deux aspects, et si l’un s’effrite, l’autre aussi, c’est magistralement démontré.

Voilà c’est tout pour cette fois car hélas j’ai eu beaucoup de lectures un peu décevantes, notamment en jeunesse dont certaines où je n’ai même pas pu dépasser les 50 pages, mais il y a des périodes où je suis plus difficile que d’autres et c’en était une. Il y a des périodes où la litté jeunesse n’est pas pour soi, tout simplement, où on a besoin d’histoires qui parlent de gens de son âge, voilà tout.

Je vous souhaite d’excellentes lectures à vous aussi !

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