Je suis devenue professeure des écoles à l’époque (1996) où les baby-boomers n’étaient pas encore en âge de partir à la retraite et où tant de monde se présentait au concours qu’il était difficile à obtenir. J’étais fière de l’avoir réussi du premier coup grâce à la formation de l’IUFM, et j’étais fière d’accéder à un statut qui représentait une réelle promotion sociale pour moi.
J’aimerais insister sur cette grande fierté qui a caractérisé mon entrée dans ce métier.
Pourtant j’ai choisi cette voie un peu par défaut, au départ. J’avais une licence d’informaticienne analyste programmeur en poche. Adolescente, je rêvais d’excellence et de grandes écoles. Que je n’y aie pas accédé malgré mes bons résultats mériterait un billet à part entière. Je passe donc rapidement ici sur ce point, mais de difficultés en difficultés, j’en suis venue à n’écouter que ma peur.
Peur de manquer d’argent, peur de travailler tant que je n’aurais pas le temps de m’occuper de mes futurs enfants. Un autre point serait à développer ici qui se résume ainsi : « papa, maman, je vous adore, mais votre éducation ne fut guère féministe – ce qui n’est sans doute pas votre faute ». Il faut ajouter pour compléter le tableau qu’à l’époque les enfants des autres ne m’inspiraient que le plus pur désintérêt. Mais j’avais déjà un goût prononcé pour la transmission, cependant.
Quel métier rassemblait sécurité d’emploi + quasiment mêmes horaires que les enfants ? Professeure des écoles. Bingo.
(Aveu inavouable et pourtant : dans ce choix entrait aussi en ligne de compte ma passion enfantine pour La petite maison dans la prairie et le personnage de Laura Ingalls qui devient la respectable instit du village – mais aussi écrivaine ! Du poids des modèles donnés aux petites filles.)
J’ai eu mon premier poste à Marseille en 1997, enfin mes postes puisque j’avais un mi-temps et deux quarts temps, dans les quartiers nord. J’y ai découvert un univers essentiellement féminin (on peut cliquer sur le lien pour en savoir plus). Les quelques hommes que je croisai, à de rares exceptions, s’étaient débrouillés pour ne plus avoir de classe en charge, ou seulement en partie (lien à cliquer) : ils étaient directeur d’école déchargé, maître formateur, conseiller pédagogique, délégué syndical ou inspecteur. Au pire étaient-ils brigades, allant de classe en classe sans avoir à en assumer toute la responsabilité. Bien sûr, il y a des exceptions, il n’empêche que cette tendance forte aurait dû me mettre la puce à l’oreille.
Mais j’étais trop heureuse de mon salaire pour pouvoir analyser ce genre de choses. Que je me retrouve à découvert dès le deuxième mois aurait dû aussi me mettre la puce à l’oreille (certes je gérais mal mon budget, mais ce n’était donc pas Byzance).
J’étais aussi trop occupée à apprendre mon métier, et surtout à apprendre ce qu’est vraiment un enfant. Et cela, c’est si passionnant qu’on en oublie tout le reste. Grâce aux enfants, grâce à mes collègues (toutes des femmes, donc), aidantes, formatrices, bienveillantes, patientes, j’ai appris énormément sur ce métier, sur l’enfance, et ô combien sur moi-même.
La deuxième année, je me retrouvai à l’école National, l’une des plus grosses écoles de France, et l’une des plus délabrées aussi (il en fut question il y a peu dans les journaux). Je m’y fis des amies encore très proches aujourd’hui, et c’est l’un des points les plus positifs de ce métier : on vit des choses si fortes et si difficiles que les relations humaines en sont intensifiées. On vit aussi dans une urgence permanente (il se passe toujours quelque chose, il faut courir de ci, de là), qui est ce qui me manque le plus aujourd’hui.
L’année suivante, je tentai l’aventure : je partis enseigner en Guyane. Il suffisait de demander un changement de département. Et là, les conditions marseillaises me semblèrent soudain idylliques. La honte de la République, si je puis donner mon avis, se situe bien davantage dans les départements d’outre-mer. Mais bien sûr c’en est d’autant plus passionnant. Sauf que je trouvai une grande inertie parmi mes collègues (je trouvai la même inertie, dans une moindre mesure, lors d’une autre année passée en Guadeloupe – je ne veux pas en faire une généralité, c’est juste ce que j’ai connu dans les écoles où j’étais). Je pus éprouver la fibre militante des enseignants marseillais, retrouvée nulle part ailleurs, et que je trouve si vivifiante et courageuse. Cette inertie désespérante m’amena à rentrer… à Marseille.
Des années suivantes se détachent quatre ans passés à l’école de la Major, au sein de l’équipe la plus formidable et dynamique qui soit, dans une école à la population hélas très défavorisée. Un projet de pédagogie Freinet y fut monté et appliqué sans réel appui de la hiérarchie, qui ne voulut jamais l’officialiser. J’appris durant ces quatre années plus que durant toutes mes autres années d’exercice. Cela foisonnait d’idées, de projets, de combats, de luttes. C’était intense en rires, en pleurs, en espoirs et désespoirs. Nos alliés étaient la Cimade, RESF ou La maison pour tous d’à côté. Ces quatre années furent sans conteste mon meilleur souvenir d’enseignante… J’en partis épuisée, et malheureusement toujours déçue par les autres écoles où je fus affectée. Nulle part ailleurs je ne retrouvai une telle dynamique positive, dans de telles difficultés.
Ah si, j’oubliais l’école des Dames, pas très loin, un peu le pendant de La Major, côté maternelle (si l’on pouvait d’ailleurs changer le nom de l’école « maternelle », cela enverrait enfin un signal fort pour l’égalité dans l’éducation des enfants).
Au fil de ces années, la puce dans l’oreille se faisant plus bruyante, car souffrant de plus en plus des mauvaises conditions d’exercice, du nombre croissant d’élèves, élèves élevés dans la culture du zapping et toujours plus difficiles à capter, de la réforme de la Maison du Handicap qui voulut intégrer les handicapés dans les classes (bonne chose !) mais sans aide suffisante ni aucune formation, d’une injonction à évaluer tant et plus au détriment de l’apprentissage, d’une impossibilité de bien faire son travail à cause d’objectifs inatteignables, du peu de budget, de Vigipirate qui empêchait les sorties, des réformes incessantes à avaler, du peu d’écoute (invite-t-on les enseignants dans les médias lors de débats sur l’éducation ? C’est rare et quand ça arrive c’est un homme), d’un sentiment d’impuissance grandissant, je tentai toutes sortes d’échappatoires, à l’instar de la majorité de mes collègues masculins (j’étais en train de devenir féministe).
Je ratai de très peu le concours de conseillère pédagogique avec spécialité nouvelles technologies (avant d’apprendre qu’on ne pouvait guère me l’accorder puisqu’il n’y avait pas de poste à pourvoir, et que de plus on l’accordait rarement aux enseignants n’ayant que 5 ans d’ancienneté, ce qui était mon cas). Là se pose encore une question : pourquoi est-il si difficile dans le premier degré d’accéder à un poste de conseiller pédagogique, quand cela semble beaucoup plus facile dans le second degré ?
Je fus détachée aux Eclaireurs de France, le temps de réaliser que le travail de bureau était la pire chose qui soit pour moi.
Je fus admissible au Capes de lettres modernes, mais ne me rendis pas à l’admission, par peur de la réussir, soudain taraudée par la question : est-ce que je veux vraiment rester dans l’éducation ?
Et dans le même temps j’écrivais. Je fus publiée. J’apprenais petit à petit un autre métier, quasiment sans le savoir. Je me mis d’abord à mi-temps pour mieux m’y consacrer, puis en disponibilité.
Tout en m’émancipant grâce à mes publications et à mes premières rencontres scolaires en tant qu’écrivain, les défauts et aberrations du métier d’enseignante du premier degré me sautaient aux yeux peu à peu.
-
- Comme je l’ai déjà dit, et c’est ce que pour ma part je reproche le plus à ce métier, la possibilité d’évolution est grandement freinée et inégale suivant les départements (une amie prof des écoles a pu être détachée dans le second degré pour le tester durant quelques années, avant de pouvoir choisir, mais dans le 13 cela s’est révélé impossible).
-
-
Les enseignants sont régulièrement inspectés, surveillés, tancés, mais à côté de cela ne bénéficient jamais (je dis bien jamais) de visite médicale au cours de leur carrière, pour, je ne sais pas, vérifier leur santé mentale par exemple.
-
(Bon, il n’y a pas non plus de CE ni tickets restaurant ni défraiement des trajets ni place de parking attitré ni remboursement du parking, donc, mais là ça relèverait des demandes d’un enfant gâté).
-
Contrairement aux enseignants du second degré, les professeurs des écoles ne bénéficient du défraiement d’aucune heure supplémentaire, sachant qu’ils effectuent déjà plus d’heures d’enseignement qu’eux par semaine – 27 contre 18, que leur présence doit être effective à 100% toute la journée (j’ai même connu une école où j’étais de service à toutes les récrés, me laissant zéro temps de pause hormis entre midi et deux – où l’on casait pourtant certaines réunions), que les entrevues avec les parents vus tous les jours au portail ou au seuil de la classe ne se comptent pas, que les réunions se multiplient tout comme dans le secondaire et sans limite… mais je ne veux monter personne contre personne, tous les enseignants sont dans le même bateau et ceux du 2nd degré ont sans doute plus de temps à consacrer aux corrections.
-
Le salaire que je trouvais inespéré à mes débuts a si peu augmenté que j’ai peu à peu commencé à comprendre qu’on n’avait pas beaucoup évolué depuis l’époque où ce métier était considéré comme un apport d’appoint dans un couple, alors qu’il s’agit d’un métier d’une exigence folle, où l’on fait aussi du social, du lien, du conseil, de la formation permanente envers les plus jeunes enseignants, et où peu comptent leurs heures. Cela dit ce ne fut jamais pour moi le plus gros problème et je m’en contentai fort bien et en fus toujours très contente tant qu’il tombait chaque mois. Je m’interroge juste sur la corrélation qualité et quantité de travail/salaire.
-
Une grande part de ces femmes qui ont choisi jeunes ce métier en partie pour pouvoir mieux s’occuper de leurs enfants se retrouvent vers 40 ans mères isolées en ayant toutes les peines du monde à joindre les deux bouts. Je me dis qu’il y a eu là comme une publicité mensongère. Je me dis que les femmes devraient avant tout regarder le salaire et son évolution, avant de se contenter du confort illusoire que fait miroiter un métier.
-
Je n’ai jamais, absolument jamais, réussi à faire valoir mes compétences autant dans le domaine de l’informatique que de l’écriture ou de la littérature jeunesse. Je pouvais bien sûr monter de beaux projets avec ma classe, mais il fallait surtout que cela reste dans le cadre de ma classe ; et lorsque cela le dépassait, mon nom devait disparaître au profit de la mention académique. Si on ajoute à cela le mépris grandissant des médias et de l’opinion publique, on peut comprendre que l’enseignant ne parvient quasiment jamais à dépasser le niveau 4 de la pyramide de Maslow (besoin d’estime). A moins d’être mère Théresa (et j’en connais qui en sont proches, et qui portent l’Education Nationale à bout de bras). Comment ne pas mieux analyser la quantité d’amies professeurs des écoles que je vois sombrer dans le burn-out ces derniers temps ?
-
-
- Etre enseignant c’est être un fusible entre les problèmes de société et une hiérarchie souvent peu aidante voire invisible. La réalité du terrain échappe aux ministres voire à certains inspecteurs (pas tous, j’en connus de très bien). Les médias se déchaînent contre les enseignants et leurs « privilèges », et les parents sont donc méfiants, agressifs et leur rendent souvent la vie impossible.
-
Les avantages qui étaient séduisants quand je suis entrée dans l’éducation nationale disparaissent les uns après les autres. Et c’est un cercle vicieux : le métier étant de moins en moins attractif tout en étant de plus en plus exigeant (de bac+3 on est passé à bac+5 pour y accéder : aberration !), les candidats ne se bousculent plus au portillon. En manque d’enseignants, la hiérarchie refuse de plus en plus les mi-temps ou les disponibilités (ce qui était pour moi le plus grand avantage).
-
Chaque réforme, même si elle paraît intelligente sur le papier, s’accompagne de si peu d’aide et d’aménagement qu’elle résonne dans la tête de la plupart des enseignants comme une injonction à travailler plus pour toujours le même salaire.
-
Ajoutons à cela un rapport ubuesque avec la hiérarchie qui me paraît cachée dans une tour d’ivoire, invisible comme je le disais, et peu atteignable. Un tout petit exemple parmi une tonne d’autres : lorsque j’ai demandé ma démission, je n’ai eu affaire du début jusqu’à la fin qu’à la correspondante chargée de la paye, et à aucun moment je n’ai eu d’entretien physique ou téléphonique pour me demander pourquoi je prenais cette décision. Quant à essayer de me retenir, après tant d’années d’enseignement ponctuées de rapport d’inspection très positifs ? Ce n’est qu’un doux rêve ! Certes j’étais en disponibilité depuis de nombreuses années et donc déjà déconnectée, mais tout de même… Encore une fois, et pour la dernière fois, je me suis sentie un pauvre rouage de quantité négligeable dans la grande maison froide de l’Education Nationale.
- Et last but not least, derrière toutes ces constatations, je m’interroge sur la prise en compte réelle de la part de nos décideurs des besoins et du bien-être des élèves scolarisés dans nos écoles publiques : n’ont-ils pas droit à des enseignants heureux d’enseigner, dans de bonnes conditions et dans de bons locaux ?
Malgré tous ces points négatifs, il m’a été très difficile de prendre cette décision de démission. C’est un métier si passionnant et qui m’a tellement apportée qu’il m’est un peu douloureux de lui dire adieu. C’est un métier où l’on rencontre de très belles personnes, forcément désintéressées, et je voue une grande admiration envers tous les enseignants qui font leur travail avec le coeur. Ce métier m’a aussi apportée une réelle sécurité d’emploi et financière, dont j’avais sans doute besoin au début de ma vie d’adulte. Il comporte de grands avantages que je ne nie pas, et dont j’ai pleinement bénéficié.
Mais j’ai voulu aussi parler de ce qui se délite, et que je vois (j’espère me tromper) comme un abandon progressif par l’Etat de la partie publique de l’Education qui n’est déjà plus si Nationale…
Je quitte l’Education Nationale pour me consacrer au métier d’écrivain dit pour la jeunesse. Un métier qui ressemble beaucoup à celui d’enseignante du premier degré, tout autant féminisé (puisqu’on s’adresse à des enfants, n’est-ce pas) et donc aussi peu estimé (hélas), où l’on est encore moins payé (mais où on peut l’être davantage), où l’on travaille souvent encore un plus grand nombre d’heures (mais en choisissant ces heures), où l’on est mille fois plus précaire, certes, mais où enfin j’ai pu atteindre les échelons 4 et 5 de la fameuse pyramide de Maslow.
Ce n’est pas mieux, loin de là, c’est juste que mes priorités ont changé.
quitterlecole
3 mai 2016Bonjour Florence,
que dire si ce n’est que je me retrouve beaucoup dans ton témoignage: mêmes constats, même idéaux, mêmes décisions…
Bon vent à toi et merci du partage! 🙂
Cédric Chaumette
26 février 2016Bonjour Flo !
Le temps a passé depuis les bancs de l’IUT mais j’ai toujours gardé un œil (discret) sur ton parcours aussi atypique que courageux.
En couple avec une PE depuis 20 ans j’ai pu suivre au quotidien les péripéties (que le terme est pudique !) de ce métier…
Comme je te comprends ! Et je partage (malheureusement) bon nombre de tes constats et en particulier l’« abandon progressif par l’Etat de la partie publique de l’Education » qui résume bien la situation !
Je te souhaite en tout cas une bonne installation et un enracinement profond dans les niveaux 4 et 5 !
Amicalement
Cédric
FH
26 février 2016Hey Cédric, quel plaisir d’avoir de tes nouvelles depuis tout ce temps ! J’espère que toi aussi tu es dans un bon niveau de la pyramide de Maslow. Bises à vous deux (et courage à ta compagne).
maud
22 février 2016MERCI !
professeur des écoles depuis 20 ans , ayant adoré mon métier pendant plus de 10 ans , je ressens également toutes ces difficultés d’enseigner , le décalage entre ce qu’on voudrait pour nos élèves et l’impossibilité de le mettre en œuvre par manque de moyens / classes surchargées/ handicapés inclus sans aide … Ce décalage entre la volonté de bien faire pour chaque enfant et la réalité me mine . je ressens une culpabilité grandissante ( qui n’est pourtant pas de mon ressort ) , un sentiment d’impuissance , l’impression d’en porter trop sur mes épaules .
Ayant moi-même maintenant trois enfants , je n’ai plus l’énergie pour tout ça et il me manque la capacité de prendre de la distance par rapport à mon métier . Accepter que je ne suis pas responsable des failles du systèmes , me dire que je fais ce que je peux avec ce dont je dispose . Je n’y arrive pas .
J’essaie de me reconvertir , mais comme c’est difficile ! Repasser par la case concours , comme si nos nombreuses compétences n’étaient pas reconnues . Comme si on devait nier tout ce qu’on a acquis durant toutes ces années, pour repartir de 0. pourquoi pas de passerelle pour aider les enseignants à évoluer ?
Préférer des enseignants démotivés et fatigués pour nos enfants , c’est vraiment horrible .
Merci pour ce témoignage qui déculpabilise .
MAUD
FH
22 février 2016En effet je crois qu’il ne faut pas (en plus !) déculpabiliser. Parfois changer d’école (et de milieu social…) peut suffire à se sentir mieux. Bon courage quelle que soit la voie choisie !
Lupiot
17 février 2016Mon Dieu l’angoisse xD Mon compagnon étant jeune prof depuis un an, en préparation des concours, et DÉJÀ complètement habité par nombre de tes doutes sur le milieu éducatif et son fonctionnement, notamment systémique et hiérarchique, mais pas seulement (LE SALAIRE nomdidiou (sans compter les retards de paiement atroces (oui allô je n’ai pas été payé depuis quatre mois, oui, je vis désormais sous un pont, merci de vous en inquiéter…))), j’hésite vraiment à lui montrer cet article. (Je vais le faire quand même, mieux vaut avancer les yeux ouverts…)
Je suis infiniment heureuse et admirative que tu aies le courage et la niaque de tourner le dos à un monde qui commençait à te peser / à être toxique (parce qu’il s’agit vraiment de courage). Je vois cela chez mes proches en ce moment, et je l’ai déjà fait dans ma (jeune) vie, mais c’est tout SAUF facile : tourner le dos à une situation pratique, confortable que nous avons été habitué à voir comme une « chance », c’est déjà une décision difficile à justifier (auprès de soi-même, pour commencer !), mais si c’est pour se consacrer à une activité 1000 fois plus épanouissante, bien qu’instable, si possible, il faut y aller. Go go go. Et c’est encore plus difficile lorsque le monde que l’on abandonne nous a formé pendant de longues années et a contribuer à la construction de notre identité. Un grand bravo.
Je te souhaite de te prélasser dans les niveaux supérieurs de la pyramide de Maslow autant que tu le pourras, et (of course) de très belles expériences (enfin, d’autres, encore, de nouvelles, toujours plus !) dans la littérature jeunesse.
FH
17 février 2016Merci pour tes encouragements ! A mon tour je ne veux surtout pas décourager les jeunes qui débutent dans ce beau métier d’enseignant. Il est réellement beau, riche en rencontres et formateur. Et j’ai des amies qui continuent de l’exercer avec enthousiasme. On a tous des priorités et des exigences qui changent avec le temps, et elles sont propres à chacun. Pour moi c’était facile grâce à ces années de disponibilité qui m’ont permis de changer en douceur d’identité, de milieu et de métier. Mais nul doute que j’aurais réussi à trouver une autre façon de m’épanouir en restant dans ce métier, si je n’avais pas eu une porte de sortie. Donc haut les coeurs pour ton compagnon !
les Livres de George
17 février 2016J’ai repris l’enseignement depuis 2 ans (collège et lycée) après deux fois 3 ans de congé parental pour mes enfants. Comme vous le dites le choix de ce métier a été décidé aussi pour me régler aux mêmes horaires que ceux de mes enfants, pour continuer à être là pour eux. Je suis d’accord avec tout ce que vous dites sur le salaire, le boulot monstre, mais aussi pour ces rencontres fabuleuses avec les collègues et aussi avec les élèves. Je ne crois pas qu’il faille chercher une reconnaissance de la part de l’EN, la seule reconnaissance qui peut nous faire accéder au stade 5 c’est celle des élèves et accessoirement de leurs parents. J’aime ce métier pour ce rapport aux élèves et ils me le rendent bien. Quand je vois certains de mes élèves progresser, s’intéresser, me dire qu’ils découvrent la littérature grâce à mes cours, je me sens accomplie, je sens que je suis à ma place. Alors oui il faut avoir la foi, oui il faut accepter un salaire inacceptable malgré un bac +5, oui il faut bosser les week-end, les mercredis et pendant les vacances pour les corrections de copies, pour préparer les cours, les documents à distribuer, oui il faut aussi savoir trouver les mots pour rassurer les élèves et plus souvent les parents, percevoir les mal-être, les déprimes, être disponible, à l’écoute et tout cela est épuisant. Malgré tout j’aime ce métier et je comprends qu’il a dû être difficile pour vous d’y renoncer malgré tous les points négatifs que vous soulevez.
FH
17 février 2016Entièrement d’accord, mais suivant les lieux d’exercice, on trouve dans une moindre mesure la reconnaissance des élèves et/ou des parents. Dans les écoles de quartiers défavorisés que j’ai connues, elle ne compensait pas les difficultés. L’inégalité des chances touche aussi les enseignants.
FH
17 février 2016D’autre part je crois qu’en ce moment c’est vraiment dans le premier degré que les choses se dégradent et deviennent très difficiles. Même si je sais que c’est aussi difficile pour les professeurs de collège ou de lycée, j’en rencontre plus d’heureux de leur métier que d’instits.
Valérie
17 février 2016Très bel article ! Passionnant (comme votre U4 que j’ai adoré, merci !), formidablement écrit et émouvant de sincérité. Ne regrettez pas votre choix, vous avez tellement de talent ! Merci de nous en faire profiter. La littérature jeunesse (anisi que nos jeunes) a aussi besoin de belles personnes comme vous.
(De la part d’une maman d’un garçon de 15 ans 1/2 et d’une fille de 12 ans).
FH
17 février 2016Merci infiniment !