Je découvre Meg Rosoff qui a parait-il bénéficié d’un large succès dans les pays anglo-saxons (ça ne risque pas, en France, un bouquin jeunesse encensé comme cela, malgré de nombreux exemples de grande qualité). Que ce succès soit ou non mérité, j’ai bien du mal à en juger. Généralement je me demande : pourquoi celui-là et pas tel autre tout aussi bon ?
Je peux dire cependant que j’ai beaucoup aimé. Meg Rosoff dans ces deux romans que j’ai lus joue avec cet âge-clé, 15 ans, où subsiste la pensée magique de l’enfance et où s’ouvre en même temps l’infinie possibilité de la vie d’adulte. Le plus séduisant dans ces histoires est que l’auteure manifestement aime ses personnage enfants et adolescents, et qu’elle a un respect infini pour leur schizophrénie. Le fantastique n’est jamais loin dans le poids du réel, (et même la SF dans le premier : et si l’Angleterre entrait en guerre ?) et sans cesse l’on se demande : les choses se passent-elles réellement ou simplement dans la tête de l’héroïne ou du héros ? On se rend vite compte que : bah, peu importe. Le réel est ce que l’on en fait, et ces adolescents s’en sortent élégamment. Leur charme puissant en découle. Tout est dans ce jeu perpétuel au fil du réel et la façon dont les choses sont traitées. Pour le reste, hors personnages veux-je dire, Meg Rosoff sait mener son récit aux péripéties plus conventionnelles, hélas souvent racoleuses et parfois même piquées ailleurs (Un long dimanche de fiançailles pour Maintenant c’est ma vie, par exemple). Pour autant on ne boude pas son plaisir, car autant l’avouer : on aime le sensationnel surtout quand le héros y est héroïquement perdu. On est si attaché aux personnages et à leurs singularités qu’on est prêt à gober n’importe quoi, tout ce qu’on veut c’est rester avec eux et les voir évoluer.
Me suis demandé par moments si l’auteure préparait ses jeunes lecteurs davantage aux livres de Marc Lévy (le style est simple) qu’à ceux de Marie N’diaye. Je penche finalement plutôt pour la seconde solution, pour la finesse, un style plus recherché qu’il n’y parait au premier abord, l’absence d’explication du réel, et le refus de faire croire aux ados que le monde est rose bonbon.
Grand plaisir de lecture, donc, pour un récit très bien mené, dont toute la force réside dans la folie des personnages, et rien que ça, c’est génial et nouveau en littérature jeunesse.