Hier soir, avec chat sur le ventre, sonate dans les oreilles, bon pull sur le dos et bien protégée du froid tout neuf dehors, j’ai terminé avec délice cette merveilleuse trilogie islandaise tumultueuse et venteuse, le plus souvent plongée dans un froid glacial et meurtrier.
C’est le genre d’oeuvres dont on glisse les titres à l’oreille des âmes lectrices que l’on croise, comme on partagerait un secret. On le conseille plus volontiers semble-t-il aux abords de l’hiver, « à lire près d’une cheminée » m’a-t-on dit. J’en ai ainsi entendu parler par trois fois lors de déjeuners ou dîners conviviaux, dernièrement.
A mon tour de conseiller ce qui est sans aucun doute un chef d’oeuvre. Un condensé de poésie, de souffle et d’humanité. On y plonge comme en voyage d’exploration. On part pour accompagner Le Gamin dans une aventure initiatique exceptionnelle, belle et âpre, remplie de rencontres imprévues. Pas près d’oublier cette belle figure de jeune homme, ainsi que Barour, Jens, Alfheidur ou Geirprudur, pour ne citer qu’elles et eux. Oh, et puis Andrea, Helga, et Kolbeinn !… Merci monsieur Jon Kalman Stefansson.
En sus, on bénéficie d’un hommage vibrant aux livres et aux mots, qui peuvent autant tuer que sauver. C’est peut-être ce que je retiens de plus fort de cette saga, cet enseignement : ce qui tue peut sauver et inversement. Je n’en dis pas plus, pour vous laisser tout entier le même bonheur de lecture qui fut le mien, de ceux dont on a déjà la nostalgie dès qu’on referme le dernier bouquin.
Pourquoi se priver d’un tel plaisir, dites-moi ?
(Traduction de la trilogie par Eric Boury)