Il existe de ces moments où il n’y a rien à dire, rien à écrire. Quelque chose en soi ne veut pas. Ce quelque chose préfère rester dans ce lieu entre surface et profondeur, ni trop l’un ni trop l’autre, ce lieu de silence entre vacarme et bruissement sourd et doux et hypnotisant. Il faut faire attention de ne pas y rester, il est trop confortable, c’est beaucoup trop facile.

La vie est ailleurs. L’amour est fort. L’amour se vit, quelque part autour, et quelque part profond profond. Amour d’enfant, passion adolescente. Tout en même temps au même moment en un seul être. Mais quel être ? Les histoires gravitent. De jeunes voix parlent, se parlent à soi-même mais elles sont trop nombreuses et s’entremêlent, elles font entendre leur singularité mais pas encore leur histoire, peut-être parce qu’elle est en train de se jouer. Ils en parlent, ils se parlent, sans se raconter. Ce sont des pensées. Sans queue ni tête comme des pensées. Sans point ni virgule, parfois sans début ni fin. Sans italique. La vie est ailleurs, et le monde adulte n’existe toujours pas ou paraît trop faux pour exister – impossible de le comprendre de toute façon, ce monde aux interdictions saugrenues, absurdes et cruelles. Il n’y a toujours rien à dire, rien à écrire, juste écouter un monde enfler, cela fuit de tous côtés. Ça gronde, ça vibre, c’est plein de soubresauts. Les désirs en tout genre agitent le sommeil, peuplent les rêves, alimentent les songes, nourrissent les cauchemars. Tout devra être rendu. Et il faudra un jour tirer un fil, fermer les yeux – oreilles, bouche, esprit – devant le vacarme, rassembler l’amour, la passion, l’enfance (avoir ce courage), et puis plonger.

 

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