Tout comme le texte sur Soulages, celui-ci est passionnant quand on s’intéresse à la création quelle qu’elle soit. Peinture, musique ou littérature : de nombreux points communs.

Glenn Gould par Glenn Gould sur Glenn Gould, aux éditions Allia, est évidemment un petit bijou d’humour et d’autodérision, mais très au-delà une réflexion très aboutie sur l’art. On découvre Gould en essayiste et théoricien. Il ne parle pas de musique, ce qui permet de la révéler mieux. Glenn Gould avoue « la duplicité qui se cache sous un smoking », la fragilité du musicien exposé en chair et en os devant un « public » ; terme qu’il remet d’ailleurs en cause.

Il s’agit en réalité d’une longue interview donnée en 1974 à un magazine américain. En 1954, alors qu’il a 32 ans, Glenn Gould décide de ne plus se produire en public et privilégie les enregis­tre­ments en studio. Ce revirement dans sa carrière restait à ce jour une énigme. Entre autres sujets abordés, il s’en explique dans ce texte étonnant, où il est intervieweur, interviewé, et sujet de l’interview, lui permettant ainsi de jouer avec son image de génie autiste. Sa personnalité très complexe, et d’une grande modernité, trouve dans cet exercice toute son aisance. Réjouissant !

G.G. : Puis-je en placer une, maintenant ?

g.g. : Bien sûr ! Je me suis laissé emporter. Ce n’était pas mon intention ; mais j’ai pourtant la profonde conviction que…

G.G. : Que l’artiste est un surhomme ?

g.g. : Vous exagérez, M. Gould.

G.G. : Ou que l’interlocuteur dirige les conversations, peut-être ?

g.g. : Il n’y a absolument aucune raison d’être grossier. Je n’attendais pas vraiment une réponse conciliante de votre part – je me rends compte que vous avez exposé certaines revendications philosophiques en ce qui concerne ces questions – mais j’espérais au moins que, pour une fois, vous nous confieriez avoir fait l’expérience d’une relation individuelle d’artiste à auditeur. J’espérais que vous reconnaîtriez avoir été personnellement témoin de l’attraction magnétique qu’exerce sur son public un grand artiste à l’œuvre.

G.G. : Oh, mais j’en ai fait l’expérience.

 

Impossible pour moi de ne pas comparer cette photo avec un détail d’un tableau de Titien (L’homme au gant) :

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Pour information destinée aux jeunes gens qui me lisent ici, Glenn Gould a été enfant :

puis adolescent :

Pas de photo de lui nourrisson, mais je le soupçonne d’être né avec le piano collé aux doigts.

G.G. : N’importe quoi…

 

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