C’était comme tomber dans une faille spatio-temporelle, ce gros projet d’écriture qui m’a pris tant de temps l’an dernier (et ce n’est pas fini), si bien que j’ai moins lu que d’habitude. Je pense que j’ai dû oublier quelques lectures, aussi, puisque ça fait un moment que je n’en ai pas fait le compte-rendu ici (mais les lectures qu’on oublie, inutile d’en parler).

Il y eut donc ces ouvrages mémorables :

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Le grand secret est un drôle de bouquin. Au départ tout a l’air plausible et ensuite on tombe dans un truc incroyable – on est emporté pourtant. On me l’a souvent conseillé car on y voyait un rapport avec Théa pour l’éternité. Le destin de l’héroïne y ressemble en effet, d’une certaine façon, mais est-ce parce que ce n’est pas moi qui l’ai écrit que j’ai trouvé ça beaucoup plus cruel encore que ma vision ? En tout cas très bon et grand roman, que je n’oublierai pas.

Kinderzimmer est un roman qu’on ne lâche pas. Horrible et beau. Et puis depuis, j’ai fait la connaissance de Valentine, une fille extra dont je suis contente d’avoir aimé l’écriture (parce que parfois on se trouve dans des situations dérangeantes, en présence d’auteurs très sympathiques dont on estime peu les livres). En tout cas à lire au moins pour le devoir de mémoire, et pour rappeler que dans le poème écrit par Primo Levi, en exergue de son chef d’oeuvre, il n’y avait pas que Considérez si c’est un homme, mais également Considérez si c’est une femme :

… N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants…

Le Royaume est une lecture inaugurale : la première que j’ai faite sur tablette, en numérique (je précise que je l’ai acheté et j’en profite pour rappeler que pirater un roman numérique c’est enfoncer la tête sous l’eau des auteurs qui en sont déjà à barboter lamentablement). Point positif : on peut lire au lit sans réveiller son amoureux à côté par une lampe allumée puisque le livre génère lui-même sa lumière. Point négatif : tout le reste, selon moi, j’ai détesté ça. Peut-être parce que pour moi, regarder un écran est synonyme de travailler et que je n’avais donc pas l’impression d’une pause. Feuilleter un livre m’apaise. Revenons au sujet. Drôle de bouquin, celui-là, aussi. J’ai eu un peu de mal, je l’avoue, parce que mes connaissances évangéliques sont réduites à la portion congrue. Et je suis une mécréante indécrottable, peu tourmentée par le doute. Pourtant la question de la religion m’intéresse. En réalité, qu’autant de personnes croient en une entité supérieure me fascine. Qu’une si bonne histoire passionne tant de gens, c’est un coup de génie. Et Carrère le prend ainsi : il nous raconte cette histoire, et comment elle nous est parvenue, sous forme d’enquête, rapportée avec sa verve talentueuse.

Je me suis sentie beaucoup plus concernée par la biographie de Philip K. Dick, du même auteur, Emmanuel Carrère : Je suis vivant et vous êtes morts. C’est assez marrant d’ailleurs, parce qu’il parle de Dieu dans le K.Dick et de K. Dick dans Le Royaume, avec cette observation amusante : l’histoire de Jésus est une excellente histoire de science fiction. Et on verse dans des abymes sans fin : et si la science fiction était la réalité ? Et si l’auteur de SF était lui-même Dieu ? Ah ah ! Voilà aussi pourquoi en SF on ne peut pas évacuer la question de Dieu, au fond on ne cesse de l’interroger – les auteurs de SF sont peut-être les plus grands croyants se croyant païens (OK, je vous l’accorde, c’est tordu). En bref, j’ai adoré ce doute-là, qui est davantage le mien (qu’est-ce que la réalité, en vrai ?). Et je vous recommande cette expérience de lire ces deux Carrère l’un après l’autre.

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