Voici dans l’ordre chronologique mes deux dernières bonnes lectures.

Tout d’abord mon troisième Houellebecq (déjà lus : La possibilité d’une île et Soumission).

6a010534aec579970c014e5f3584ac970c

Mon préféré reste La possibilité d’une île, peut-être parce que j’ai de l’affection pour le courage avec lequel Houellebecq a bien voulu explorer le genre de la SF si peu estimé en littérature générale. Mais La carte et le territoire fut aussi une très bonne lecture, même si j’ai, de loin, préféré le dernier tiers où l’on sent combien il s’amuse avec sa propre image mais aussi avec les genres littéraires : soudain on bascule dans le polar mais aussi dans une mise en abyme que j’ai adorée, assez bluffante. Tout le début est intéressant mais se traîne un peu, avec une certaine complaisance au name dropping et à l’errance dans des milieux très creux. Cependant tout est très bien vu concernant le cynisme de ces milieux, mais aussi, chose nouvelle chez Houellebecq (je crois), dans le rapport au père. En somme j’ai eu le sentiment que dans ce roman-ci, Houellebecq faisait beaucoup moins le malin avec des aphorismes provocants mais au contraire se décentrait enfin (et de quelle façon, avec quelle mise en scène sordide au début du dernier tiers !). Le Houellebecq vieillissant et détaché de lui-même est au final mille fois plus amusant. La carte est donc bien celle du territoire français mais aussi celle de son propre personnage, tout autant éclatée et en évolution perpétuelle.

9782330060862

Jo est une très bonne copine et je ne pouvais pas passer à côté de son roman à si belle couverture, d’autant plus que je l’ai écoutée en lire des extraits lors d’une lecture à Pézenas il n’y a pas très longtemps (avec Guillaume Guéraud dont je dois lire aussi le dernier roman). Et j’ai beaucoup aimé Le domaine ! Certains disent avoir pensé aux Oiseaux de Hitchcock mais non, les oiseaux ne sont pas menaçants dans ce roman et si on veut faire une comparaison hitchcockienne ce serait davantage avec Fenêtre sur cour. J’ai davantage pensé aux films de Chabrol pour le milieu plus que bourgeois et le flirt avec le genre policier, et au Virgin suicides de Sofia Coppola, à cause de la jeune fille dépressive. Autant dire combien ce roman m’a paru cinématographique, bien que très intérieur. Le héros est Gabriel, fils de domestique, atteint en plein coeur par un amour fou qui lui dégringole dessus et qu’il sait bien peu gérer (comme la plupart des ados). C’est un roman d’ambiances avant tout, mais aussi psychologique et très fin. J’ai beaucoup aimé le style, impression qu’aucun mot n’est de trop, et belle efficacité qui pourtant peut prendre son temps. Le début très réussi donne le ton : plusieurs points de vue (comme au cinéma), sur une scène cruelle qui en dit long sur chacun des personnages et pose la situation. C’est ainsi tout du long : des situations plus que de longs discours, à la façon américaine. J’ai aimé lire ce roman aussi parce qu’il est la preuve que la littérature française dite pour la jeunesse est dans un mouvement positif de très mais alors très grande qualité (quoiqu’en disent ceux qui déplorent un mouvement plus commercial que qualitatif, se trompant lourdement à mon avis – mais dès que j’ai le temps j’en parle plus longuement). Bref, bravo Jo !

 

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Il n'y a pas encore de commentaire.