Je croyais à la rumeur des jours
à la lenteur des nuits
au tendre divorce des heures
à la nostalgie gentiment amère des soirs je croyais
à l’ombre rousse dans le chemin
au silence dans le rire
à la force bruissante des légendes
au chaud au froid à la faim à la soif au vent au chagrin
à la branche
à l’ennui au parfum à l’orage à ce qui paraît et disparaît
bref à toutes ces petites choses humaines
qui sont humaines et
inutiles bien sûr mais qui ne demandent à l’homme
que d’être à son métier de vivre
sans hausser le ton et sans hausser la garde
je croyais ce qu’il faut croire
ça commence toujours ainsi
toujours pareil
l’évangile des apparences
et puis le bruit est venu
extrait de Stabat Mater Furiosa, de Jean-Pierre Siméon, dans Soliloques, éditions Les Solitaires Intempestifs