Aujourd’hui, mon petit délire se fait à partir de photos de Sergio Larrain.

Y’avait ce drôle de chien, là, qui errait depuis des mois dans le coin. J’aimais pas son regard. Il avait l’air d’avoir beaucoup vécu. Il venait d’une autre histoire, je crois. Je sais pas ce qu’il foutait là, perdu dans une faille spatio-romanesco-temporelle. ‘Savait pas bien lui-même, il me suivait comme il avait sans doute suivi des tas d’autres gens, qu’est-ce qu’il savait faire d’autre que suivre les humains dans la poussière, ce clebs-là ?

Y’avait des endroits comme ça qui me faisaient penser à lui longtemps après qu’il ait disparu. Ces coulées d’huile ou de je sais pas quoi d’autre de glauque et poisseux, comme des traînées de pisse chaude sur les quais, et même cette file de gens qui s’engouffraient dans la gueule du tortillard prêt à se lancer sur les chemins de la vie incertaine, tout ça c’était lui. Et c’était moi aussi, qu’est-ce que vous voulez, moi qui m’engloutissais puis bavais pleurais éructais.

Qu’est-ce que vous voulez ?

Mais heureusement, y’avait les gens, qu’étaient pas tous chiens. Y’en avait même qui reflètaient ce qui reflètait ce qui reflètait ce qui reflètait…

Et puis y’avait les bateaux,  dans la brume de la nuit. Leurs lumières éclairaient les vies, on imaginait les rats sur les gréements, c’était la vie aussi. Moi je les regardais, mes rêves allaient voguer avec eux, les bateaux, mais sans moi dedans. Je m’en foutais, parce que quèque part, j’étais sûr d’une chose, c’est que si y’en avait un qu’était là-dedans, c’était bien le clébard. 

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