J’estime que c’est le bon moment pour vous parler de ma dernière bonne lecture pour ados, puisqu’elle est de Angie Thomas, l’autrice de *The hate you give*, un roman hélas très, très actuel que je vous recommande chaudement (j’en profite pour vous rererereconseiller l’excellent essai *Une colère noire* de Ta Nehisi-Coates, car ils se font écho, pour des publics différents).

Cette fois, dans *Parée pour percer*, Angie Thomas s’attache au chemin de Bri, une jeune rappeuse de 16 ans, toujours dans le ghetto où elle a grandi. Angie Thomas sait écrire des romans accessibles, très prenants, avec des personnages et des situations fortes, où dominent les rapports de domination de toutes sortes, et les divers plafonds de verre, très subtilement rendus. Pas de grandes phrases, pas de mots qu’il faut chercher dans le dico, un style efficace, elle s’adresse aux ados sans chipoter, à la juste place. Certes, on reconnait aisément qu’elle n’a sans doute cessé de penser à l’adaptation audiovisuelle pendant l’écriture, mais pourquoi pas après tout ? Il faut du talent pour réussir à écrire une histoire qui ferait un bon film. En tout cas on a là le genre de page-turner que j’adore avoir sous la main quand j’ai envie d’être emportée auprès d’un personnage attachant. De plus, chaque réflexion féministe ou antiraciste m’a semblé d’une justesse absolue. Je me suis sentie très proche d’Angie Thomas pendant toute cette lecture ! On manque encore en France de récits de ce genre pour les ados, situés dans des milieux sociaux défavorisés (qui parlerait de notre violence policière à nous, n’est-il pas ?), sans que ce soit glauque ou désespérant, et qui mettent en valeur une culture un peu moins élitiste que ce qu’on rencontre encore très majoritairement dans nos romans français (c’est bien, hein, mais il faut laisser la place à autre chose).

Bref, n’hésitez pas, lisez *Parée pour percer* (et *The hate you give* si ce n’est pas déjà fait).

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Quelques mots rapides pour parler d’un autre roman que j’ai lu dans la foulée, toujours parmi les traductions de chez Nathan, *strong girls forever* de Holly Bourne. Rapides parce que j’ai moins aimé, même si c’est tout aussi efficace. Question de sensibilité peut-être, mais le féminisme mis en avant ici m’a laissée souvent perplexe. La notion de sexisme bienveillant, notamment, m’a paru être assez mal expliquée. On suit Evie, qui souffre d’un TOC qui résonne bizarrement ces temps-ci : elle a très peur des microbes et a besoin de se laver sans cesse. Je pense que l’autrice s’est trouvée submergée par ces 2 thèmes importants mais qui n’ont rien à voir : les maladies mentales + le féminisme, et que ça donne une impression de manque de sens profond, au final. Sans compter que les personnages masculins, les pauvres, sont réduits à l’état de pantins, et je suis sûre que la muflerie du garçon dont l’héroïne tombe amoureuse a des raisons qu’il aurait fallu creuser, déontologiquement au moins. Bref j’arrête là parce que je n’ai pas réussi à m’attacher à ce « club des vieilles filles », un peu trop paumées selon moi pour porter une histoire pour ados, qui ont besoin plus que jamais dans ce monde complexe que les auteurs et autrices qui leur parlent aient les idées claires sur ce qu’ils veulent raconter (idée qui n’engage que moi).

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