Demian, de Herman Hesse, m’a été conseillé par un éditeur, que je remercie parce que ce fut une lecture très prenante et enthousiasmante (dirais-je assez le bonheur que c’est, dans le métier d’écrivaine, que de côtoyer des gens qui ne cessent de se conseiller des livres ?). Les récits initiatiques et plus ou moins tourmentés me plaisent infiniment, et quand en plus c’est bien écrit, c’est un immense plaisir. Après une série de bouquins qui me sont tombés des mains pendant des mois, j’ai renoué grâce à Demian avec le plaisir de la lecture et avec cette sensation de douce addiction très différente et beaucoup plus satisfaisante que celle qu’on ressent avec une série (l’urgence de retrouver l’univers d’un roman est d’un ordre beaucoup plus intime et exaltant). Seule la fin m’a légèrement déroutée. Je l’aurais aimée plus ancrée dans le réel et dans la révélation de soi du personnage, or elle est plutôt d’ordre métaphysique, qui était sans doute la mode à l’époque où ce roman fut écrit (il fut publié en 1919), et qui correspond certainement à une espèce de sidération face à l’arrivée d’une guerre mondiale. Car Demian est avant tout la quête de soi de Sinclair, jeune garçon tiraillé par les notions de bien et de mal. Arrive Demian, garçon charismatique, sûr de soi quoique tourmenté, qui l’aide à trouver la voie qui mènera à lui-même. «Rien ne coûte plus à l’homme que de suivre le chemin qui mène à lui-même » est sans doute la meilleure des citations pour résumer ce roman, que je conseille chaudement.