L’été je lis toujours encore davantage qu’en d’autres saisons, et cet été-ci ce fut un très grand plaisir, car j’ai eu la chance de tomber sur d’excellents romans.

Comme par exemple Martin Eden de Jack London, véritable chef d’oeuvre (l’idée de le lire m’a été donnée par une discussion fb, merci Anne Poiré !).

Je n’avais jamais lu Jack London, non non même pas Croc-Blanc, et j’ignorais quel grand écrivain il fut. Lacune enfin comblée. L’histoire de Martin Eden prend une dimension particulière quand on est écrivain·e. Impossible de ne pas se reconnaître dans ses affres et ses joies de création. Dans ses lassitudes face au culte des valeurs établies de la bourgeoisie qui tire les ficelles du monde de l’édition et de la critique, face à l’esprit moutonnier du public. Dimension encore autrement particulière pour ceux et celles d’entres nous, auteurs et autrices qui, comme Martin Eden, ne sont pas nés au sein de cette bourgeoisie. Fascination, apprentissage, mimétisme, travail encore plus forcené puis déception teintée de mépris, quand ce que l’on a admiré se révèle médiocre. Car la dimension politique est très présente. S’opposent individualisme nietzschéen et socialisme, constamment, et je crois que de nombreux·ses écrivain·e·s se débattent encore aujourd’hui dans cette contradiction, nous sommes forcés de croire en l’un et en l’autre, de vivre dans sa chair l’un et l’autre. C’est cette contradiction qui nous écartèle et nous écrase… Mais je n’en dis pas plus, lisez Martin Eden, grande oeuvre que toute personne travaillant dans le monde de l’édition devrait lire.

Extrait ô combien actuel : Elle avait une de ces mentalités comme il y en a tant, qui sont persuadées que leurs croyances, leurs sentiments et leurs opinions sont les seuls bons et que les gens qui pensent différemment ne sont que des malheureux dignes de pitié. C’est cette même mentalité qui de nos jours produit le missionnaire qui s’en va au bout du monde pour substituer son propre Dieu aux autre dieux. A Ruth, elle donnait le désir de former cet homme d’une essence différente, à l’image des banalités qui l’entouraient et lui ressemblaient. 

Pour ma part, encore éblouie par ces éclairs d’intelligence et de talent, j’ai déjà commencé Talon de Fer.

 

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Sinon la rentrée littéraire de septembre est déjà là, à laquelle je ne joue pas cette année et c’est très confortable et reposant il faut bien le dire (l’année 2017 fut vécue en creux à cause d’un deuil lancinant et de débats épuisants – féminisme, droits des auteurs et autrices – et la moindre parcelle de mon énergie créatrice a été injectée dans Le Grand Saut, uniquement, qui je crois bénéficie de cette lumière forte qui avait envie de percer). J’ai tout de même une parution en ce mois de septembre : le 4e et dernier tome de ma série Mona (texte pour pré-ado sans prétention mais que j’aime bien, hélas un peu gâché par une couverture que j’essaie de trouver proche de mon texte avec la plus grande bienveillance dont je sois capable, hélas c’est difficile, et ce n’est pas faute d’avoir essayé d’en changer l’orientation et la tonalité des couleurs. Ce n’est pas l’illustratrice qui a fait du mauvais travail, c’est juste un autre choix qu’il eut fallu faire. Bref.)

Mais je sens depuis quelques mois revenir une forme éblouissante, comme une pure clarté après l’orage, et des projets auxquels je tiens beaucoup verront le jour en 2019, d’autres sont en germe et trépignent et tournent dans ma tête. Des résolutions aussi : finis les débats stériles sur fb où seule triomphe la bêtise, qui pompe et anéantit la moindre sève d’intelligence, finies les discussions avec des personnes dont l’arrogance le dispute à la platitude des idées, et ne dépenser mon énergie que dans une exigeance encore plus grande dans ma création littéraire. Un peu envie de mettre mes tripes sur la table de travail et de ne répondre qu’à l’urgence et la nécessité, pas nécessairement grave ou violente, précisons-le. Revenir à cette écriture qui fut la mienne quand j’étais petite et ado, déconnectée des attentes d’un monde éditorial pas toujours clairvoyant (vous aurez un aperçu de cette écriture dans un roman à paraître en janvier chez Nathan). En attendant, bonne rentrée littéraire à vous, belles découvertes, et pour moi cette rentrée rime avec Morges, où je serai en fin de semaine prochaine, avec ô joie quelques ami·e·s auteurs·rices que j’aurai plaisir à revoir.

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