Dans la chaleur suffocante et moite d’hier, j’ai repensé à Bardamu dans sa cabane au fin fond de l’Afrique et je me suis félicitée d’avoir autre chose à manger que des conserves de tomates et de ne pas être assaillie par des chenilles et fourmis longues comme ça (entre autres). On a de ces accès de naïveté parfois !
Cela mis à part, une nouvelle chronique est apparue à propos de Théa, sur le Net. Cette fois je la reproduis en entier, parce qu’elle dit beaucoup de choses ambiguës qui me paraissent intéressantes. Je n’ai pas compris tout de suite si cette sincère « mangeuse de livres » avait aimé ou détesté Théa. Tant de sentiments contradictoires ! C’est très étonnant de susciter tout cela avec ses propres mots. Et c’est la première fois que je suis heureuse d’avoir autant bouleversé quelqu’un ! Merci à vous, chère mangeuse de livres.
« Je suis complètement dévastée par cette lecture. Et c’est les yeux brouillés de larmes que j’ai lu la dernière page de cette magnifique découverte.
Nous sommes habitués à voyager, à s’évader lors de nos lectures, histoire de se perdre dans notre imagination. Mais Florence Hinckel nous plonge dans une horrible réalité (l’univers de ce roman est très proche de notre monde actuel.) le thème est préoccupant aussi bien dans ce bouquin que dans la vraie vie. La mort. Et c’est avec Théa (et accessoirement 29 autres personnes) que cette question s’impose : que ferions nous face à la possibilité de l’immortalité ? Au cours de ces écrits, on est bouleversé par la tournure des événements, j’ai ressenti la détresse de Théa. Son envie d’arrêter de vieillir, le grisement que ce sentiment procure lorsqu’on l’a acquis. On ressent aussi ses doutes, comme ses certitudes. Confrontée à ses pensées, elles sont devenues miennes, au point où je me suis prise pour Théa et j’ai eu beaucoup de mal à me détacher de ce personnage.
Au delà de tout ça, c’est un personnage attachant et fatalement réaliste. Et il n’y a pas que Théa. Tous semblent réels. Ce qui m’a plongée dans une profonde perplexité, ça m’a fait réfléchir. On connait son monde social et surtout sa mère et sa peur de vieillir qui est peut être la personne qui influencera Théa dans ses choix, avec un certain manque de lucidité. Quant à son père, lui est plus lucide, plus ancré dans le terre à terre, attachant.
Ce livre est fait pour s’évader, certes. Mais j’ai l’impression que l’auteur a voulu faire réfléchir son lecteur. Plus sérieusement que jamais à des questions – toutes plus ou moins effrayantes – qui méritent des réponses mûrement réfléchies.
Au fil de phrases très bien tournées, on se perd dans un univers qui pourrait bientôt être le nôtre. . . par ailleurs l’univers futuriste auquel on s’attend n’est pas là ! mais on s’y fait très bien !
Ensuite, après cette lecture on « médite » tout autant que lors de la lecture en elle même. On réfléchit aux causes et aux conséquences, on se fait son propre avis. Je le fais, ou pas ? j’oserai ? ce n’est pas une simple lecture mais une remise en question. Sur le choix que l’on peut faire, au risque d’y perdre une part de notre humanité.
P.S : avec une postface aussi pertinente on sent que toutes ces choses écrites, décrites, ont taraudé l’auteur. Et désormais pas seulement elle . . .
Un gros coup de coeur !!!!!!!! »
Florence Hinckel, auteur jeunesse