J’ai enfin lu Toni Morrison, et pas n’importe lequel de ses romans : *Beloved*. Magnifique récit, bien évidemment admirablement écrit, d’une humanité subtile et complexe. Je craignais un peu cette lecture car on m’avait mise en garde, en me répétant combien l’histoire était dure et violente, mais personne, absolument personne ne m’avait dit que c’était aussi un récit fantastique – comme si l’étiquette du fantastique allait en amoindrir le propos. Or c’est tout le contraire, et c’est bien pour cela que j’ai tant aimé : le recours au surnaturel donne une dimension psychologique intense à ce fait divers tristement réel, réellement triste, et nous amène à éprouver de la tendresse pour tous les personnages, même les morts. Comme tout roman qui m’éblouit, ce fut une belle leçon d’écriture (et de liberté dans l’écriture), et une nouvelle tranche d’humanité faite mienne. Je me sens une nouvelle fois augmentée et nourrie : doux sentiment de complétude, assorti de cette lucide tristesse face aux travers de l’humanité. Je vous recommande chaudement ce roman que j’ai envie de qualifier de nécessaire, tout en ajoutant qu’il s’agit d’un vrai page-turner passionnant.