Tout en écrivant (et finissant, yes !) la suite des aventures de Mona (secrets.com, Populaire ?, aux éditions Rageot), j’ai lu des romans très éloignés de cette écriture, ce qui m’a permis non seulement de ne pas être perturbée dans le ton de mon héroïne, mais aussi de vivre dans d’autres strates (autres mondes), expérience proche de voyages multi-dimensionnels.
Pour commencer, un roman d’une auteure que je n’ai jamais rencontrée et qui pourtant m’a longtemps paru proche pour une raison purement géographique quand je vivais dans l’Hérault (elle vit dans le Languedoc), mais également parce que j’ai été longtemps abonnée au magazine Le Matricule des anges, qui en parlait souvent de façon très élogieuse, ce qui m’intriguait. Pour autant, je n’ai malheureusement jamais rien lu d’elle. L’an dernier, elle apparaît soudain dans de nombreux autres médias parce qu’après une longue carrière peu médiatisée (c’est-à-dire peu présente dans les médias de forte audience), elle obtient enfin une récompense qui la fait connaître plus amplement : le prix Gongourt 2014. Il s’agit de Lydie Salvayre, dont je viens de lire l’étonnant et très beau Pas pleurer.
Il y eut une petite polémique, peut-être seulement dû au fait que Lydie Salvayre, grands dieux, n’a certainement pas assez joué le jeu parisien, mais une polémique abjecte, car ce roman mérite amplement ce prix prestigieux. Au début de l’histoire, j’ai sincèrement cru que j’allais un peu m’ennuyer, tout en m’instruisant pourtant sur la révolution libertaire de 1936 en Espagne. Mais cela devint vite passionnant et la voix de la mère, Montse, au langage aussi joyeux que son souvenir lumineux de cet été, nous happe, nous cueille et nous réjouit. L’histoire familiale est incroyable et aurait sous une autre plume pu donner un roman mélodramatique au pathos dérangeant. Ici point de pathos, absolument aucun. Et du drame terrible nous ne retiendrons malgré nous, malgré les récits effarés de Bernanos, malgré L’histoire de l’auteure même, que la joie et l’envolée de la jeune Montse, que sa fille écrivain a su hisser au rang magnifique de personnage solaire et historique (petit h), tout en s’effaçant. C’est cet effacement qui est beau, aussi, et qui laisse toute sa place à l’histoire de la mère eu égard à sa vieillesse et à sa jeunesse qui la rejoint. C’est la mère qui a droit à l’insolence, l’impudeur, la vie. Que dire de plus pour tenter de vous convaincre de le lire ?
J’ai lu aussi le roman d’une amie, qui dès les premiers mots m’a fait oublier que j’en connaissais l’auteure. Il s’agit du récit fulgurant d’une folie : Le plancher de Jeannot d’Ingrid Thobois.
Ne passez pas non plus à côté de cette langue parfaite et ciselée, et de cette plongée dans un univers que l’auteure a su rendre attachant malgré les faits sordides. Connaissant le fait divers, j’en redoutais la lecture. Je pensais que cela ne pouvait être qu’éminemment glauque ou d’un ennui psychanalytique. Or non, ça ne l’est pas du tout, ni l’un ni l’autre. C’est juste une histoire humaine, d’une écrivaine qui a ressenti de la tendresse pour ses personnages, et nous la communique.
J’ai également lu un roman jeunesse purement humoristique (là, on ne peut pas faire plus éclectique !) : Geek Girl de Holly Smale.
C’est clairement sans prétention et je l’ai lu sans m’attendre à rien, sauf à être déçue, je dois l’avouer. Et finalement, eh bien j’ai ri. C’est drôle, c’est léger, c’est bien raconté. Je n’ai pas boudé mon plaisir. Why not ? 🙂
A bientôt pour de nouvelles aventures, très certainement jeudi, jour d’une parution très attendue… (ça commence par un U et ça finit par un 4).