Les attentifs, les fans, les ô combien nombreux visiteurs de ce slog (hum hum) se rendront certainement compte à un moment ou à un autre de la disparition à jamais ici (soyons un peu dramatique)  de toute trace de mon Etoile d’Elnakin, en tout cas sous la forme publiée chez ………

Que je vous raconte une aventure d’édition pleine de péripéties ainsi qu’un choix cornélien.

Partons de l’origine. Au départ cette trilogie devait être éditée chez une autre maison d’édition. Mais comme la collection fermait, la directrice de collection proposa aux auteurs de rapatrier les manuscrits orphelins dans l’autre maison où elle décida de travailler, chez ……., donc. J’ai beaucoup hésité. Proposer ma trilogie ailleurs ou continuer avec une dir de coll avec qui j’ai du plaisir à travailler ? Si on ajoute que les éditeurs de …….. m’ont presque suppliée pour avoir cette trilogie – ils désiraient se lancer dans la périlleuse aventure de la fantasy -, on comprendra que je n’aie pas balancé longtemps. La presque-supplication en question me faisait supputer que ma trilogie serait bien défendue, genre avec promotion et tout. Ah ah ah !

SAUF QUE… Sauf que je ne vois pas comment on peut vendre des bouquins qu’on ne trouve quasiment pas en librairie et sans aucune promotion sur le Net ou dans la presse, qui plus est à un tarif prohibitif, que l’on m’explique ce mystère insondable… Certes, certes, ils comptaient sur leur réseau de prescripteurs il est vrai étendu, mais qui ne les connaît et les soutient que pour des livres à destination des plus jeunes, et dans des genres de romans dits plus nobles. La fantasy pour ados et pré-ados, c’est une toute autre histoire : il faut séduire les lecteurs bien avant les prescripteurs.

Sur les salons, les couvertures très réussies de Jean-Louis Thouard faisaient pourtant merveille : ils partaient comme des petits pains si vous me permettez cette image boulangère pour une oeuvre de l’esprit, fût-ce du mien.

Mais après la publication du tome 2, voilà les éditeurs tout désolés : cela ne se vend pas. La collection fantasy s’arrête. « On ne comprend absolument pas pourquoi, ce n’est pas que ton texte soit mauvais, mais on ne sait pas vendre de la fantasy (et de la science-fantasy, alors !), il faut un réseau qu’on n’a pas etc… Non, on ne le savait pas avant de commencer. Oui, tu as essuyé les plâtres. Mais, chère F., on te propose deux choses » (sachez que ces éditeurs sont, de l’avis de tout le monde, très gentils et parlent donc ainsi, très gentiment, si bien qu’on a de forts scrupules à les critiquer ; à vrai dire ils ont ce pouvoir merveilleux de nous donner sans cesse le désir de les remercier) :

Voici les deux choix, proposés par l’éditeur :

1. accepter que le tome 3 soit publié dans une version poche, c’est-à-dire dans une autre collection que celle des 2 premiers (coût moindre pour la maison d’édition qui pourtant ne semble pas près de péricliter vu la quantité de publications qu’ils continuent de faire tous les ans), et sans à-valoir (un bouquin de plus de 300 000 signes, quand même – 4 mois de boulot. Je me fais pas payer au poids mais bon).

2. que le tome 3 ne soit pas publié, mais sans qu’ils me rendent les droits des 2 premiers (le rêve n’est plus permis).

On voit la latitude extraordinaire où je pouvais m’ébattre. Soit un tome 3 isolé, guère repérable par rapport aux 2 premiers, et qui à mon avis ne se serait pas mieux vendu voire moins bien, et tout ça pour la gloire (quelle gloire ?). Soit… eh ben en fait soit rien. Ma plus grande hésitation a été pour vous, lecteurs (rares, donc), qui avez déjà lu les 2 premiers tomes et me réclamez depuis longtemps le troisième. Mais je me suis soudain demandée pourquoi je devais être la seule à en avoir, de la considération. Il m’a toujours semblé qu’une fois le texte écrit, c’était le travail de l’éditeur de considérer le lecteur… sans pour autant spolier l’auteur.

Après quelques échauffourées (bataille en duel, mise au pilori, saignées, haute lutte), j’ai réussi à ce qu’ils concèdent (pied à terre, armes jetées) à me rendre les droits des deux premiers tomes (soutenue il est vrai par la diplomatie de la directrice de collection en ma faveur).

Me voilà bien avancée avec sur les bras les droits d’une trilogie publiée aux deux tiers et difficilement republiable, mais sur laquelle j’ai passé tant de temps, où j’ai mis tant de choses, tant d’idées, tant d’images surtout, qu’il m’était impossible de la sacrifier – le terme me paraît juste – et ce, à jamais (c’est ainsi que je vois le blocage de droits qui courent jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur – ma mort, quoi !)

Et puis, chers amis, la tête haute, l’honneur sauf, je peux affirmer bien fort que je n’ai pas plié sous le joug terrrrrifiant d’une certaine domination éditoriale. Depuis cette décision si difficile, j’ai parfois des bouffées de liberté délirante, mais je bois de l’infusion d’aubépine.

Tout cela étant dit, promis, chers lecteurs, un jour ma trilogie sera à nouveau disponible, et en de bien meilleures conditions. Patience…

(Le plus énervant dans ce genre de mésaventure, c’est le temps que cela prend sur l’écriture).

 

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11 Commentaires
  • Jeremy
    5 août 2018

    Bonjour,

    Personnellement, je n’ai découvert cette série que récemment.
    J’avais le premier tome qui était dans ma bibliothèque depuis un bon moment (parmi d’autres livres à lire) et je n’ai pas pu m’arrêter de le lire jusqu’au bout.
    Dans la foulée, j’ai acheté le tome 2 et là encore, je l’ai fini en un rien de temps.
    Je me suis alors mis à la recherche la suite et au bout de longues minutes de recherche, je tombe sur cet article.

    Tout ça pour vous dire que je vous soutiens dans ce projet et que je garde espoir de voir un jour la suite arriver (le plus tôt possible de préférence ^^).

    Jérémy

    • FH
      15 août 2018

      Merci Jérémy ! Cela me relance dans l’idée de lui donner une nouvelle vie…

  • Doinet
    11 février 2012

    À défaut de luge, je vais emmener des chaussures avec crampons, car comme tu te rappelles, je me gamelle assez facilement même sans verglas.. et là oups j’ai souvent les chevilles qui enflent bien malgré moi 😉

    mymi

    • florence
      11 février 2012

      Tu es la seule personne que je connaisse d’une humilité aussi exemplaire à avoir tant de propension à gonfler des chevilles !

  • Doinet
    11 février 2012

    Chère Florence, je vois à quel éditeur tu fais allusion !
    J’ai aussi plusieurs griefs à leur encontre ! Mais maintenant que tu as récupéré tes droits, je suis bien sûre que ta trilogie va prendre un nouvel envol chez un éditeur plus respectueux de ses auteurs et bien mieux distribué. Demain, je suis au salon du livre de Varennes sur Seine sous la neige… comme ta belle région !

    Et puis je voulais te remercier pour ton si beau blog, moi qui aime tant la photo et la peinture !
    Bises.

    Mymi

    • florence
      11 février 2012

      Merci chère Mymi ! Très bon salon du livre (t’amènes ta luge ? ;-))

  • le buveur d'encre
    10 février 2012

    J’ai vécu le même genre de mésaventure que toi après le tome 1 du Surnatureur chez Milan.
    Mais ce fut moins dur pour moi car j’avais senti le vent venir et je n’avais écrit que les cinquante premières pages du tome 2.
    Je suis sans la même situation, aujourd’hui. J’ai récupéré les droits du tome 1 et je m’en vais chercher un nouvel éditeur…
    bises

    Eric

    • florence
      10 février 2012

      Merci Eric pour le témoignage qui fait se sentir moins seule. Je crois en effet que c’est une pratique assez courante chez les éditeurs. Je n’ose pas imaginer que ça doit faire à un auteur qui débute ! Encore ces éditeurs-là étaient-ils prêts à publier le tome 3, mais je refuse absolument de publier sans à-valoir, et c’est un choix que j’assume. Ce qui fait que c’est plus un choix que j’ai fait plutôt qu’une chose que j’ai subie, ce qui fait que ce n’est pas si dur que ça. Mais ils s’accrochaient aux droits et je trouvais ça scandaleux ! Je voulais à tout prix récupérer les droits car je suis sûre que j’ai énormément de matière pour en faire éventuellement même tout autre chose. J’ai réussi, et je suis plus contente qu’abattue ! (et puis bon ça n’a même pas le « prestige » d’une grande maison comme Milan donc vraiment aucun regret – mais que suis-je donc allée faire dans cette galère ? :-))
      Bises !

  • Magali Bourdet
    8 février 2012

    J’espère sincèrement que tu trouveras un éditeur du genre qui saura, lui, ce qu’il fait, et trouvera un moyen d’éditer la trilogie…autant pour le travail abattu…que pour les pôvres lecteurs (ou peut-être un peu plus pour les lecteurs…c’est pô juste! ;-D )

    • florence
      8 février 2012

      Merci Magali ! (j’espère cela dit qu’il y a un peu plus que du « travail abattu » dans ces romans !)

  • Pascale
    7 février 2012

    Vraiment désolée pour toi, Florence. Si ça peut te consoler, j’ai déjà entendu parler de la même mésaventure chez un autre éditeur. J’espère que tu pourras republier un jour l’ensemble dans de bonnes conditions.