Oyez oyez la complainte de l’autrice terrifiée 3 jours avant son départ à l’idée de quitter son chez-soi douillet, son sud au temps redevenu clément, sa famille adorée ainsi que sa solitude choisie, pour des contrées froides et humides, des quais venteux, des transports bondés, et pour finir un lieu où la quantité de microbes le dispute au pourcentage d’égos au mètre carré (elle se compte dans les égos, ne croyez pas, pourquoi croyez-vous qu’elle aime autant la solitude ?)…
Pour se donner du courage, l’écrivaine inspire, expire, songe aux rendez-vous avec les amis (rares car elle n’est désespérément pas grégaire), dans des cafés qu’elle espère chaleureux, dans des fêtes qu’elle espère agréables, au bonheur de revoir enfin des gens, auteur·ices ou éditeur·ices qu’elle ne voit pas assez souvent en vrai, et à la joie de rencontrer des lecteurs et lectrices souvent fidèles.
Elle songe au chemin parcouru, se promet de profiter sans penser à son retard d’écriture, à la vanité des moments, à la table ronde annulée qu’on lui avait proposée avec Victor Dixen (à charge de revanche ?), et se promet de n’avoir pas trop souvent envie de se cacher sous un parapluie ou derrière une vitre embuée.
Elle le répète comme chaque année : si elle ne vous reconnaît pas dans les allées, ce n’est pas par snobisme, c’est parce qu’elle est profondément perdue, hors sol, et légèrement inadaptée au jeu relationnel (même lorsqu’il pourrait servir ses propres intérêts, c’est son côté stupide).
Mais n’hésitez pas à l’arrêter, elle sera heureuse d’avoir un être humain souriant face à elle, je vous l’assure. A vendredi !!!
(avec des photos de Saul Leiter).