Alors celui-ci je ne le lirai pas d’une traite (1200 pages !), mais les quelques pages glanées jusqu’ici étaient passionnantes. De quoi réfléchir aux inégalités socio-culturelles criantes dès l’enfance, mais aussi à ces codes qui se construisent si tôt, aux attentes différentes des parents, aux clivages et verrouillages, à la reproduction de l’entre-soi, à tout ce qui fait société… qui n’est pas fatalité. On peut vouloir la refuser, cette fatalité, lorsqu’on veut croire à l’égalité des chances. Cette lecture permet aussi de revenir sur sa propre enfance quelle qu’elle fut et de mieux comprendre les acquis qui furent des atouts, les manques qui furent des obstacles. De quoi lutter contre soi ou au contraire se féliciter d’y avoir déjà réussi en partie. De quoi éprouver, peut-être surtout, une grande bienveillance envers celles et ceux qui partent avec le moins de billes entre les mains.
Ça s’appelle Enfances de classe, sous la direction de Bernard Lahire, et c’est au Seuil.
(J’apprends que le jour-même où j’ai choisi d’en parler il en fut question aux assises de la littérature jeunesse : normal, cet essai sociologique ne peut que passionner tous ceux et toutes celles qui s’intéressent à et travaillent pour la jeunesse).
(J’ajoute enfin que, comme tous les sujets qui me travaillent, j’ai en cours d’écriture un roman pour ados où je m’y penche, du point de vue des pratiques de lecture, surtout. Très délicat à mener, j’espère y parvenir…)