Participants de 12 à 14 ans en colonie de vacances CCAS, qui ont tous voulu rester anonymes, mais désireux que je partage leurs textes ici (les plus sensibles sur l’identité ne sont évidemment pas copiés ici) :
Le lieu où j’ai dormi et où j’ai été le plus heureux(SE)
Je suis partie en Afrique du Sud puis en Namibie. Ce soir-là nous étions dans un petit désert. Il faisait très chaud alors nous avons décidé de dormir à la belle étoile. Mais au sol, il y avait des scorpions, alors pour plus de sécurité (quoique…) nous avons dormi sur les toits du grand 4×4 de safari. Nous avions les yeux rivés sur le ciel. Là-bas, il faisait tellement beau, le ciel si peu pollué, que j’ai pu voir une pluie d’étoiles filantes.
Dans un bateau, dans une chambre très serrés à quatre, heureuse car j’étais avec ma cousine.
Dans le désert car c’est calme et il fait frais le soir, cela nous rafraîchit après une journée de chaleur.
J’étais parti à Toulon en voiture, on est partis vers 22 heures. On s’est arrêtés à une aire de repos pour dormir, et comme j’étais au milieu de la banquette arrière j’ai pu allonger mes jambes sur l’accoudoir du milieu.
Dans un hôtel qui donnait en face de la statue de la Liberté qui éclairait avec son flambeau.
J’aimerais mais non (à partir d’un poème de Georges Pérec)
J’aimerais habiter chez ma copine mais parfois non.
J’aimerais être Justin Bieber mais non.
Je n’aimerais pas avoir une chèvre mais parfois si.
J’aimerais être en troisième mais parfois non.
J’aimerais être une fleur mais parfois non.
J’aimerais être maman mais parfois surtout pas.
J’aimerais aller en Antarctique mais que pour six jours.
J’aimerais avoir une moustache mais en fait non
J’aimerais manger des hamburgers mais pas trop
J’aimerais être riche mais pas trop
J’aimerais que tout le monde m’adore sauf les garçons
J’aimerais dormir en colo mais parfois non
J’aimerais dormir dans un paradis mais parfois non
J’aimerais dormir chez mes grands-parents mais parfois non
Je n’aimerais pas dormir dans une boulangerie mais parfois oui
Je voudrais être un animal mais parfois non
J’aimerais avoir mon permis de conduire mais parfois non
Je n’aimerais pas dormir dehors et parfois je détesterais
Je ne voudrais jamais dormir sous un pont mais dans un lit
Je n’aimerais pas vivre sans parents mais parfois si
J’aimerais bien vivre en Afrique mais parfois non.
Je n’aimerais pas être seul mais parfois non
Je n’aimerais pas changer mais parfois si.
Je veux vivre mais parfois non.
Rêves récurrents
Je fais un cauchemar au moins une fois par an : je suis dans le salon de mon appartement et puis une plante pousse si vite qu’elle se propage dans tout l’appartement jusque dans ma chambre. Elle continue à pousser jusqu’à ce que je me réveille.
Je sais plus trop mais je suis dans une sorte d’île close où il y a un fleuve qui descend comme une petite cascade dans la végétation. C’est dans le ciel et un gardien nous fait monter, mais je sais plus comment, l’île monte de plus en plus haut, vers le haut où il y a des temples avec des fois des guerres (me demande pas pourquoi !). Plus on avance plus le fleuve devient cascade, et plus il y a de végétation, et on découvre des animaux bizarres, car en bas de l’île il n’y en a pas. En fait ce n’est pas un fleuve mais un ruisseau et les cascades sont toutes petites. Tout en haut on voit des cadavres d’animaux de plus en plus bizarres, puis on arrive à une grille, une grille gigantesque mais on ne peut pas la passer car il y a des gardiens. Derrière j’ai un peu vu, il y a encore des animaux bizarres mais qui ont l’air dangereux. Une fois une de ces bêtes a sauté sur la grille et c’est la seule fois où j’en ai vu un de près. En bas on peut faire du canoë ou des courses de natation. Je n’ai jamais descendu autrement qu’en dévalant le fleuve.
PS : j’ai déjà vu ma mère sur cette île.
Souvenir le plus lointain
Je me rappelle d’une fois, j’étais sur les genoux de ma mère et j’attendais un train en Allemagne ou en Autriche. Il y avait mon frère et ma sœur à côté de moi. Je me rappelle du bruit que le train à fait quand il est arrivé. C’est un souvenir banal mais je m’en souviens.
J’avais trois ans, j’étais sur un bateau gonflable avec ma mère et mon père, le bateau était tiré par un autre bateau à moteur. On en faisait jusqu’à ce que je tombe à l’eau.
Quand j’avais six mois je rampais sur le canapé et je bus le vernis à ongles de ma mère. J’ai dû aller à l’hôpital.
1 an : j’étais chez ma nourrice dans un quartier proche de chez moi et il y avait un autre bébé et on jouait avec des figures à l’apparence d’animal. L’autre enfant qui était avec moi est maintenant mon meilleur ami et sa mère l’ami de la mienne.
A partir d’une photo de Sergio Larrain
Elle a des pieds immenses, des jambes telles des allumettes. Ses mains sont froides, glacées et sa peau est blanche. Elle a une silhouette très fine. Elle est triste, son regard n’est plus le même. Elle ne se coiffe pas comme d’habitude, depuis qu’elle a perdu ses parents.
A partir d’une image
Je ne veux pas que papa trouve ce que Laura m’a offert. Il me le volerait et le garderait pour lui. C’est décidé, je vais le cacher derrière la bibliothèque. C’est Lucas qui m’a montré cette technique. Mais quand je déplace l’armoire, un livre tombe. C’est celui que Papa voulait que je lise. Il est ouvert à la page 7. Peut-être parce que je n’ai rien d’autre a faire, je commence à lire. Et je ne peux plus m’arrêter. C’est tout simplement génial. Même si ça me fait mal de dire que Papa avait raison.
Moi, Jade, je vais vous raconter ce qui me passe par la tête. Et oui, moi je suis seule à être comme je suis, unique, je m’habille comme je veux, je suis libre. Je suis bien à rêver, observer, tranquille. Bref, je suis moi, je profite de ma vie, je n’accélère pas le rythme de mes actes, je profite d’être là où je suis. Simple.