Cette fois, c’est vraiment l’été, depuis que j’entends les cigales qui, cette année, ont élu domicile dans quelques arbres tout près de chez moi. Hirondelles qui strient le ciel frais du matin et cigales qui envahissent la chaleur du soir ; je ne peux pas concevoir de son de vacances plus apaisant – à part peut-être le roulis des vagues sur la grève, et cela c’est un tout petit peu plus loin de ma maison, mais guère.

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J’ai découvert Hervé Guibert il y a longtemps, vingt ans peut-être. Je crois, que, comme souvent lorsque je vais vers un auteur inconnu de moi, c’était parce qu’il avait été cité par un autre auteur dans un autre roman. Je ne sais plus lequel. Quoi qu’il en soit j’avais été attirée d’abord par une image de couverture. Un autoportrait. Je me souviens avoir parlé dans mon journal de cette photo (c’était donc il y a vraiment longtemps, quand je tenais encore un journal). Encore aujourd’hui, lorsque je vois cet autoportrait, je suis très émue.

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Le titre, très bon, très poignant, m’intriguait aussi : A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie. Il devait mourir un peu plus tard.

J’aime tout chez Guibert : son style, une forme de pureté, son intelligence, des fulgurances, et peut-être surtout, ce qui me fascinait le plus : cette affirmation de soi incroyable et courageuse, contée de cette façon simple qui la rend universelle. Et, aussi, très fort, un rapport à l’image dont je me sentais proche, sans que jamais je n’ose faire entrer autant que lui cet intérêt dans ma vie – hormis peut-être via l’écriture. Guibert était photographe. Normal qu’il ait écrit Des aveugles, que j’avais beaucoup apprécié.

Comment dans ces conditions ai-je pu ignorer si longtemps l’existence de cet ouvrage ?

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L’image fantôme m’a passionnée. Guibert explore toutes les facettes de son rapport aux photographies, en lien évidemment ténu avec son histoire familiale et amoureuse, au fil de tout petits textes très beaux, très bien écrits, avec une maîtrise que j’admire. J’aime particulièrement le tout premier, sur sa mère. A qui je m’identifie ? A lui ou à sa mère ? Les deux, très certainement, et c’est ce qui m’a tant touchée. Le côté passionnant de l’exercice pour le lecteur d’aujourd’hui est que ces textes ont été écrits avant l’ère Internet. Il y aurait beaucoup à ajouter. Mais rien à retirer.

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On peut aimer ce genre de bouquin et écrire des fantaisies pour enfants. Non, ce n’est pas incompatible. Et peut-être même tout à fait normal. Qui ne se laisse émouvoir par la profondeur de la vie et sa beauté grave ne peut sans doute pas faire preuve de légèreté, ni d’un humour très poussé (théorie très personnelle et peut-être inepte, mais je m’offre cette liberté passagère !).

Ainsi donc, Chat va faire mal.

Et une nouvelle chronique élogieuse. Merci Hylyirio !

Hylyirio : J’ai adoré les jeux de mots présents tout au long du livre, les illustrations amusantes et très bien faites, la mise en page aérée et claire pour les plus jeunes, de l’humour à gogo… parfait. De plus, le livre est écrit à la première personne… en tant que chat… et franchement, qui n’a jamais eu à l’esprit de se demander ce que pouvait bien penser son chat ? Un livre frais, qui accrochera sans nul doute les plus jeunes.

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Ho, et puis j’oubliais. Expérience inédite cet été. Cette fois, je ne pourrai pas assurer mon rôle de correspondante du festival d’Avignon, à mon grand regret, parce que je vais tenter autre chose d’enthousiasmant. La semaine prochaine, je vais effectuer une tournée dans les camps de la CCAS (personnel EDF-GDF), pour animer des ateliers d’écriture auprès de jeunes de 12 à 14 ans. Je n’ai pas du tout choisi la région où je devrai intervenir, et lorsqu’on me l’a apprise, j’étais très contente. Depuis le temps que j’ai envie de mieux connaître la Bretagne ! Pas choisi non plus les lieux, et c’est agréable cet aspect de surprise totale. En réalité, cela va démarrer en Normandie, à Saint-Laurent-sur-mer. Puis Liffré, Poullaouen, Logonna, et enfin Crozon. Première fois que je vais animer des ateliers d’écriture sur un temps de vacances.

Ah, et puis, c’est suite à la sélection de l’un de mes romans : Zéro commentaire, dans la série Ligne 15, que l’on retrouve bien sûr dans la compilation Quatre filles et quatre garçons.

Encore une aventure identitaire.

C’est comme le loto : si l’on n’est jamais assuré de se trouver, qui ne se cherche ne peut se trouver.

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(La longueur de mes interventions internautiques et puis le fait qu’elles vont dans tous les sens vous expliquent pourquoi je suis incapable de pratiquer la communication facebookienne, brève par égard envers les agendas surbookés de la plupart des gens. C’est pourquoi aussi je ne fais pas basculer mes articles de blog sur ma page dite perso mais uniquement sur ma page fb d’auteur où je ne prends le risque d’ennuyer que quelques volontaires masochistes, ou véritables amis :-))

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Allez, un petit dernier mot, parce que j’ai appris il y a peu quelque chose qui m’a presque déçue : vous avez sans doute déjà rencontré dans des romans au style soutenu (ça m’est arrivé il y a peu chez Michon) l’expression « n’en pouvoir mais ». Grand charme jusqu’à présent que de lire : il n’en peut mais. Je n’y comprenais rien, mais cela avait un aspect inachevé qui me séduisait beaucoup. Le charme du mystère. Mais aucun mystère là-dedans, parce que c’est une forme ancienne utilisant le mais dans sa signification latine, « magis », qui signifie davantage. « Il n’en peut mais (davantage) » est soudain plat. Fini. Impuissant. Terriblement compréhensible.

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Oh là là il y en a encore ! Je viens de recevoir de super photos de la super libraire de Chambéry, à la librairie Garin, en mai dernier. Merci !

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Avec Céline, libraire de choc :

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