Je vous parlais de ces autoportraits de femmes photographes.
Il s’agit du regard d’une femme sur une femme. Et en plus d’une femme sur elle-même.
Cela donne des portraits trop rares, sans narcissisme aucun, qui nous reflètent enfin vraiment (lire à ce propos l’intéressant essai Reflets dans un oeil d’homme de Nancy Huston – même si je n’ai pas adhéré à tout – ou, encore mieux d’après moi : La saison de mon contentement de Pierrette Fleutiaux).
Et pourquoi une nanny un peu raide ne prendrait-elle pas de superbes photos, d’une très grande sensibilité, durant les promenades avec les enfants qu’elle garde ? L’appareil sur le ventre de Maier existe bien, lui.
L’autoportrait est pris dans un miroir, où apparaît l’appareil photo comme un troisième oeil, un double-machine, qu’ici Arbus dirige. Elle est enceinte sur cette photo. Ils sont donc un peu trois. Quatre avec le reflet (ou six). Ou sept si tu te comptes, toi qui regardes la photo.
Tentation est grande de jouer avec ces miroirs qu’on nous tend constamment comme des injonctions à plaire. Dans l’intimité avec l’appareil, la machine devient une alliée pour exister en tant que soi-même.
Les reflets de Krull deviennent enfin ce qu’ils sont : eh bien, uniquement des reflets. Presque des fantômes.
La femme-machine porte d’autres accessoires d’une beauté poignante à force d’être humains.
Sans l’appareil, comme nue Arbus se cache. Ou bien ne veut pas voir.
Alors que Miyazaki se pare d’ombre. Lève un doigt comme une interrogation. A moins qu’elle ne nous désigne le ciel, pour qu’on ne la regarde pas.
Il faut toujours un tiers.
Stern
11 juillet 2016Un joli début dans la semaine, merci pour cette sélection de photos et ces réflexions.