Ces temps-ci je renoue, car je suis dans un projet très différent de mes précédents, dans le plaisir pur de l’écriture. Cela génère des à-côtés ou des redécouvertes de bribes anciennes remaniées, avec, souvent, le support d’images artistiques. Une liberté. Comme ce texte-ci, où je me suis bien amusée (avec du Helena Schjerfberck, du Seurat, du Michaux, du Munch, du Leon Spilliaert, du Van Gogh, du Kupka, du Gerard Richter, du Maximilien Luce, et du Kees Van Dongen dedans).
Max von Gluck naquit en 1905 à l’âge de 5 ans, sous mescaline. Très vite, il fut remarqué pour ses absences ; son silence était si assourdissant que sa mère fut obligée de convoquer ses trois pères afin qu’il se confessât dans la nef de l’église Sainte Sulpicieuse à Namur, où il eut 6 ans quelques mois après sa naissance, fortuitement. Là, il eut sa première illumination, caché derrière l’orgue où il se réfugia pour échapper aux verges des pères prêtres un peu trop assidus face à la mère démontée et pieuse comme un piquet. Dieu lui parla et lui dit : mon fils. Il répondit : j’ai assez de pères comme ça, et balança un coup de pied dans les loupiottes des dévotes, qu’on appelle aussi bougies si l’on souhaite être tatillon, y’en a. Vloush. Figurez-vous qu’à l’époque et dans ce pays, les églises étaient en carton, les escaliers en papier, et tout brûla avec du joli fil doré. Les pères et la mère avec. Max s’en réchappa grâce à un trou de coyotte – il en vivait quelques-uns dans la région- creusé tout près, caché par une robe de bure désormais cramée. Une femme bonne et tendre comme le bon pain le recueillit : Antoinette-Maximilienne Rochelamoinette. Empli de reconnaissance, Max fit son premier portrait à doigts.
La couleur était très rare et chère à l’époque, d’où le noir et chair (le teint de cette pauvre femme était aussi maladif que ses plants de tomates). Ce fut à cette même époque qu’il retranscrivit ses rêves et obsessions réalistes, sous la forme la plus figurative et la moins fauve possible, s’il en est.
Le petit Max grandit ainsi, près de la mer.
Celle-ci, enfin avec un accent et un e, était une fan absolu de Toulouse-Lautrec, elle en tenait un blog fameux : le Lautrec-bloc lazysphère. Max en conçut une obsession, celle de retrouver un jour Carmen Gaudin.
Le matin de ses vingt ans, il se leva tôt le soir, mit ses chaussures et se planta devant la fenêtre quasi-éteinte. La couleur particulière de cet intérieur lui inspira sa période violette-en-velay.
Elle ne dura hélas que quelques heures, car à 16h23 et des poussières, il se retrouva dans un troquet nez à nez avec Rosa la Rouge, dont il tira aussitôt le portrait, vil coquin qu’il était. Sa période ocre pastel avec quelques touches de blanc cassé commença, jusqu’à l’âge de trente ans ou il succomba à la période jaune-orangé-avec un zeste de goyave, comme l’atteste cet autoportait, ce qui lui valut quelques années de prison.
Il rapporta plus tard que c’était pure provocation, histoire de se faire un peu de racolage passif et pouvoir enfin copier Van Gogh.
Il rencontra ensuite dans une brocante celle qui sera sa compagne durant de longues années, Héléna Schierfbeckjecklonamunasord, qui le regardait comme un génie épouvantable. Il s’adonna à la politique avec obscurantisme, mais son goût pour les digues épurées l’empêcha de mener campagne pour l’accès au trône de Puy-en-Plouc dans l’Ain de deux.
Ce fut à cette époque qu’il se lia d’amitié avec le grand A.B. par le biais d’un groupuscule parisien de province résolument de gauche UMPienne.
Il ne but jamais de café-verre au Flore, et en conçut une amertume qui marquera la fin de son existence. Son dernier autoportrait intitulé Je préfère Le Fontenoy et toc rivalise de fierté mal placée. Les filles ne se jetèrent jamais sur lui et il mourut quand même malheureux, comme quoi.