Cette lettre a été reproduite hier dans Actualitté.
« Chères éditrices et chers éditeurs,
Arrivez-vous à suivre ce qui nous arrive du point de vue social-fiscal, à nous auteurs et autrices ? On ne peut pas vous en vouloir d’avoir du mal, c’est si complexe ! Mais en ce qui concerne nos relations auteur·ices/éditeur·ices, ce qui est le plus urgent à comprendre c’est que désormais nos cotisations sociales, tout comme nos impôts depuis l’an dernier, quand on déclare en BNC (et on est nombreuses et nombreux dans ce cas), nous sont prélevées sous forme d’acomptes trimestriels « contemporains » calculés à partir de ce que nous estimons que nous allons gagner durant l’année à venir.
Cette estimation que nous devons fournir dès décembre de l’année précédente pour calculer les acomptes de l’année à venir est un vrai casse-tête, évidemment. Un indépendant ordinaire a toujours une idée des ventes qu’il a engagées et qu’il va percevoir et sur lesquelles il peut compter, et souvent il commence à en percevoir les gains dès le début d’année, mais pour les auteurs et autrices, c’est le grand flou voire un immense trou noir.
Vous avez là une vraie responsabilité, chers éditeurs et éditrices. Une responsabilité de transparence. Nous avons désormais besoin de façon vitale, le plus tôt possible (nous en avons besoin dès décembre pour l’année suivante), d’une estimation la plus proche possible de ce que vous allez nous verser en DA annuels en 2020… et que cette information soit systématisée chaque année, pour toute la population de vos auteurs et autrices.
De toute façon, cette donnée nous a toujours manqué dès janvier, car sans elle il a toujours été plus qu’acrobatique de planifier telle ou telle dépense, ou au contraire de prévoir telle ou telle économie.
Autant que l’information, nous allons d’ores-et-déjà manquer aussi de l’argent en lui-même. Puisque désormais nous sommes prélevé·es chaque trimestre (dès le 15 janvier) en impôts et en cotisations sur cette estimation de nos revenus à venir (et qui hélas viennent parfois vraiment tard), et pour que ces acomptes n’aient pas de contemporains que le nom, il va devenir encore plus urgent qu’auparavant que les maisons d’édition réfléchissent à un étalement trimestriel de nos DA. Ou, à tout le moins, qu’un versement du quart de nos DA annuels (même si cela ne correspond qu’à une estimation), soit effectué dès début janvier – et un autre quart début avril si la reddition annuelle n’a toujours pas eu lieu. On le sait, ce serait beaucoup plus lourd pour vous du point de vue comptable, et vous nous dites parfois que c’est impossible, mais imaginez à quel point cela va devenir impossible surtout pour nous, qui avons souvent peu de trésorerie ! Un effort de votre part ne peut-il pas être consenti afin que vos auteurs et autrices ne souffrent pas trop en début d’année ?
Tous ces bouleversements sociaux et fiscaux vont demander à chacune et chacun de s’adapter. On peut le faire, mais seulement si cet effort d’adaptation est partagé par nos maisons d’édition.
Un grand merci pour votre compréhension. »