« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen.

Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir.

L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.

Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme.

Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète.

Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère.

Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. »

Gustave Flaubert, Lettre à George Sand,

Correspondance de Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, 12 juin 1867, éd. de la Pléiade, tome 5, pp. 653-654.

 

(Flauflau-le-bogoss. Mais non je me moque pas, faut lire les commentaires !)

 

Citation piochée sur Les nouvelles chroniques de Gabriel Matzneff, qu’il faut lire (ses chroniques, et Matzneff – personnellement lu et aimé La prunelle de mes yeux)

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3 Commentaires
  • florence
    18 octobre 2013

    (Heureusement qu’il y en a qui suivent, merci Pascale)

  • Pascale M.
    18 octobre 2013

    Heu, mais c’est Maupassant, plus beau gosse que Flaubert !

    • florence
      18 octobre 2013

      Hé mince ! Moi qui pensais avoir trouvé une photo de Flaubert jeune où il était encore beau gosse (comme quoi, le Net, hein, faut toujours demander à un(e) spécialiste). Bon ben je vais devoir changer la photo, avec le vrai Flaubert !