Il y a des jours où les attaques sexistes subies gratuitement plusieurs jours auparavant, soudain résonnent davantage en soi qu’au moment où on s’est dit : « ça ne vaut pas la peine que je m’y arrête ! » Je ne m’y suis donc pas arrêtée mais l’attaque a fait son oeuvre lentement, doucement, patiemment, et soudain on se sent fragile, triste, vulnérable, abasourdie… Enfin on se rend compte qu’on a mal, en réalité. Qu’on avait sans doute mal depuis le début, mais qu’on ne voulait pas l’admettre, parce qu’on est forte, qu’on doit avancer, qu’on est au-dessus de ça.
Quand ce moment arrive, inévitablement, au bout de 7, 10, 15 jours, désormais j’ai une recette qui fonctionne mieux que toutes les autres.
Je me dis : « j’ai écrit *Renversante* ».
Je l’ai fait. C’est la meilleure réponse possible à toutes les tentatives de déstabilisation, d’intimidation ou de rabaissement. Même si ne le liront pas les premiers concernés, je sais que ce livre a et aura plus d’impact que leur petitesse.
Je l’ai fait pour moi, mais surtout pour mes enfants, et pour les enfants des autres. Pour les ados, les garçons, les filles, les adultes curieux, pour que cette bêtise crasse cesse enfin. Pour que disparaisse cette posture potache qui amuse tant encore, comme si on pouvait ignorer qu’elle fait mal quand elle vise un être vivant en particulier. Les atours de la désinvolture en piègent plus d’un : ils s’esclaffent, amusés, séduits par les jeux de mots et la légèreté apparente. Rappel nécessaire : il n’y a rien de désinvolte dans une attaque personnelle.
J’ai écrit *Renversante* et je publie d’autres romans dans des maisons d’édition formidables, pleines de femmes formidables aux convictions fortes, au courage qui me fait souvent du bien, et que je salue bien bas car je devine qu’elles aussi ne sont pas exemptes de ces attaques. Je suis fière d’évoluer dans ce milieu somme toute moins pire que d’autres dans le domaine, grâce à ces femmes-là, mais ne vous méprenez pas : on est loin d’être chez oui-oui, dans le beau pays de la littérature jeunesse, et il y a encore du boulot.
Soyez certains qu’on le fait…