Lundi, à la conférence de presse d’U4 à Paris, j’ai vécu avec mes co-auteurs et toute l’équipe des deux maisons d’édition un moment très fort. Exceptionnel. Aurais-je pu imaginer, il y a seulement un ou deux ans de cela, que je vivrais quelque chose de semblable ?

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Certes on ne peut pas présumer de la suite de l’aventure. Le public accrochera-t-il autant qu’on l’espère tous ? Les médias seront-ils présents (et pourquoi pas ceux qui boudent d’ordinaire la littérature dite « jeunesse » – on a explosé tant de barrières en littérature pour les ados que je crois qu’on ne peut pas la restreindre à ce terme) ? On ne peut pas savoir. Mais ce qui arrive est là et bien là, c’est un début d’aventure, et quelle que soit sa suite, je prends.

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Je prends, je savoure, mais je ne peux jamais me départir de cette distance étrange peut-être due à une extrême lucidité. Mais si « lucidité » vient du mot lumière, elle repose chez moi sur un lit d’inconscient, qui peut surgir à la surface de façon inopinée.

Une anecdote vertigineuse, pour vous expliquer cela :

Je crois bien que c’est Vincent qui a trouvé le nom du virus de notre projet (chers co-auteurs, reprenez-moi si je me trompe) : U4 (le virus est apparu à Utrecht). Le nom était parfait, autant pour sa signification en anglais que pour le son qui claque. Je l’ai tout de suite apprécié. Il me fut tout de suite familier, sans que j’analyse pourquoi. J’ai traversé ces deux ans de réflexion et d’écriture collectives avec ce nom constamment en tête et sur mes lèvres. U4, U4, U4.

Et, croyez-le ou pas, et si c’est incroyable que je comprendrais que vous ayez du mal à le croire, il n’y a qu’un mois ou deux que j’ai compris pourquoi ce nom d’U4 m’était si familier.

J’effectuais une recherche internet sur U4, pour voir si on en trouvait déjà la trace chez certains libraires. Et je suis tombée sur des images de ce style :

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Ce qui m’a frappée tout d’abord, c’est que certaines de ces images pouvaient bien coller à notre univers post-apocalyptique. Etrange coïncidence. Mais je n’étais pas encore consciente de la plus incroyable des coïncidences. Il me fallut quelques minutes pour la comprendre.

U4.

C’est le nom de ce haut-fourneau à Uckange, en Lorraine, qui ferma définitivement en 1991.

Le haut-fourneau où mon grand-père paternel travailla durant toute sa vie professionnelle.

Où mon père travailla aussi, jusqu’à mes 3 ans, avant que l’on descende sous le soleil du sud.

Le haut-fourneau situé au bord d’une longue route étroite, de l’autre côté de laquelle est posée la petite maison de mes grands-parents aujourd’hui décédés.

Oui, presque en face.

Je suis née et j’ai passé les trois premières années de ma vie dans l’ombre d’U4, le haut-fourneau.

Et je viens de passer deux années d’écriture dans la lumière d’U4, notre projet fou et enthousiasmant.

Comment ne pas garder une distance avec ce qui arrive au présent, quand on a la conscience inconsciente du passé qui l’a amené, par couches successives, parfois si enfouies qu’on les a oubliées, jusqu’à ce qu’elles ressurgissent sans crier gare, d’une façon parfois fantastique ? L’écriture est ce moyen de relier et de faire émerger les différentes couches des profondeurs de la vie. L’écriture collective réserve des surprises encore plus étonnantes, issues d’autres cerveaux que le sien. L’écriture et ses miracles finissent par être toujours plus forts que l’exposition qu’ils engendrent, si exaltante soit-elle.

Ce ne fut pas la seule manifestation fantastique d’U4 dans nos vies et nos romans. J’ai d’autres anecdotes incroyables dans ma besace, que je vous livrerai peu à peu. Dont on vous parlera de vive voix, lors des rencontres déjà prévues à l’automne et plus tard. Et U4, même pas encore paru, n’a peut-être pas fini de nous révéler ses surprises et secrets.

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10 Commentaires
  • Nathan
    14 juin 2015

    Incroyable.
    J’emmène ton U4 à Paris, j’espère avoir le temps de le lire entre deux journées de stage ♥

    • FH
      14 juin 2015

      Merci Nathan, je suis toute fébrile, j’espère que ça va te plaire ! (n’oublie pas que ce sont les épreuves non corrigées, donc indulgence indulgence, hein ! ;-)). Passe de bons moments pendant ton stage !

  • Carole Trébor
    13 juin 2015

    Merde alors, c’est ha-lu-ci-nant… J’en suis restée bouche bée, de lire ça… Et ça me rend heureuse pour toi, ce chemin parcouru, tellement, ma jolie.

    • FH
      13 juin 2015

      On a tous les 4 parcouru un sacré chemin, chacun à sa façon. Heureuse pour toi aussi !

  • Plume Bouquineuse
    12 juin 2015

    Ohw ! 🙂 J’ai grandi dans cette ville, et je vais encore aujourd’hui voir mon grand père qui habite juste en face et qui a lui aussi travailler dans une des filières du groupe qui tenais le haut fourneau à l’époque 🙂 C’est drôle comme parfois la réalité peut rattraper la fiction.
    J’ai hâte de découvrir ce nouveau projet audacieux ! =D

  • Gren
    12 juin 2015

    Jolie coïncidence et anecdote! 🙂
    Lorsque j’ai entendu le titre « U4 », mon cœur de mosellane a fait le lien tout de suite!

  • Cécile
    12 juin 2015

    Whaou…

  • Blandine Aubin
    12 juin 2015

    Ton anecdote est plus belle que mille romans, Florence…

  • Anne Loyer
    12 juin 2015

    Impressionnant…