Longtemps que je n’ai pas alimenté ce blog et pourtant j’aime qu’il soit une mémoire, comme un journal. Ici je reproduis donc des articles postés sur les réseaux sociaux.

Dimanche 21 mai

J’ai eu ma période « Martin Amis ». En 2e photo, les romans que j’ai lus de lui – et qui sont restés dans ma bibliothèque, et il ne reste dans ma bibliothèque que les romans qui me sont chers. *Le dossier Rachel*, *Poupées crevées*, *Réussir* et l’incroyable *La flèche du temps* qui raconte un récit à l’envers. J’étais bluffée par la qualité d’écriture, l’ébouriffante liberté de ton, l’humour noir et l’originalité du propos. J’apprends sa disparition, et une émotion me traverse, en toute honnêteté non une peine, mais une espèce de nostalgie. Une plongée dans l’état d’esprit où je me trouvais lorsque je lisais cet écrivain, je crois aux alentours de ma trentaine. Les romans qui nous touchent sont des marqueurs de nos vies, des jalons et des repères. Les revoir, les compulser à nouveau, c’est redevenir durant quelques instants celle que nous fumes au moment de s’y immerger. La disparition d’un écrivain ou d’une écrivaine, c’est toujours constater la disparition d’une époque de son existence, mais dans les deux cas il en subsiste une part importante, dans nos mémoires, et entre les pages des livres.






Mardi 16 mai

La semaine dernière nous avons vu l’adaptation de Martin Eden par Pietro Marcello, film que nous avons eu du mal à apprécier. Quand on a tant aimé le roman de Jack London, difficile de se retrouver dans la vision de quelqu’un d’autre. Néanmoins, reréfléchir à cette histoire, en ce moment, a subitement fait choc avec l’actualité. Un nom qui n’existe pas m’est subitement venu par association d’idées : Adèle Eden. Celles et ceux qui ont lu Martin Eden verront peut-être le lien quasi-inconscient que j’ai fait avec Adèle Haenel. Consciemment, depuis quelques jours, j’essaie de dégager les similitudes et les différences entre la révolte de Martin et celle d’Adèle. Je garde pour moi le fruit de cette réflexion mais il est gros et lourd et mûr, et cela nourrira sans doute mes romans à venir. Juste dire qu’un terme récurrent m’a frappée dans les réactions à propos de la lettre d’Adèle Haenel : « suicidaire ». J’espère que le terme a plus souvent été exprimé de manière empathique que pathologisante (le mot « folle » a aussi été prononcé…). Néanmoins le terme dans son sens jack-londonien est effrayant. Et personnellement, dans toute cette histoire actuelle, c’est ce qui me glace.



Lundi 15 mai

Le @festival_liresurlavague, c’était la sérénité des lieux, le roulis de l’océan, le soleil plusieurs fois par jour, l’immersion dans les images drôles douces et réconfortantes d’albums mythiques de @ecoledesloisirs , ainsi que dans une vision enfantine de la fête très imprégnée de gourmandise, c’était la véritable fête au son de la banda (et découverte du paquito !), c’étaient enfants et adultes qui dansaient ensemble, c’était une équipe d’accueil dévouée (merci Pauline, Lydia, Marie-Jo et les autres), et une libraire adorable, c’était passer des moments précieux avec quelques personnes avec qui on a l’habitude de travailler mais qu’on n’a jamais le temps de voir davantage, c’était revoir et mieux apprendre à connaître certains collègues auteurices, et faire la connaissance d’autres : Christine Davenier, @kimikojurgenson, @caroline_sole , @taimarclethanh, @gaya.wisniewski, Jean Leroy and the others ! (En photo vous me voyez avec @lisa_zordan profiter de la météo pitoyable 😉, on vous prépare toutes les deux une petite et grande surprise, oui, les deux à la fois, prévue pour la fin de l’année chez @casterman_jeunesse , et on était bien contentes de se voir enfin en vrai !). Bref, ce festival, c’était du bonheur pur de bout en bout, et je vous assure que ce n’est pas une exagération instagramique. Retour à la maison regonflée à bloc. Merci tout le monde ❤️.



21 avril

Enfin lu *Quand tu écouteras cette chanson* que tous ceux et toutes celles qui me connaissent et/ou qui ont lu *Nos éclats de miroir* me conseillent depuis longtemps. Et c’était émouvant (bouleversant) de se plonger avec Lola Lafon dans la nuit de l’Annexe. Anne Frank et sa famille vivent et meurent sous la plume de Lola Lafon, et sous nos yeux. Comment une telle horreur a-t-elle pu avoir lieu, et comment d’autres similaires ont-elles encore lieu, voilà la question que pose l’autrice, avec un désarroi aussi grand que le nôtre…


21 avril

MERCI aux éditions Nathan @lireenlive de m’avoir envoyé mon ours en chocolat, décerné par la Fondation Battieuw-Schmidt pour mon roman *L’aube est bleue sur Mars* ! Le prix Lu et Partagé avait été décerné à Bruxelles et je n’avais pas pu y être, mais voilà mon prix ! Certes l’ours s’est un peu cassé les pieds en arrivant jusque chez moi, mais il reste très aimable 🙂 Merci merci.



16 avril

Zinc Grenadine c’étaient : des rencontres incroyables, comme par exemple à Bruyères où les élèves du collège Charlemagne m’ont préparé des saynètes très bien jouées, très bien écrites, inspirées de Renversante (photo 1), c’étaient des surprises tels que des jeux de l’oie ou un quizz autour de mes romans, ou encore, carrément, un bouquet (merci l’école d’horticulture de Roville !). C’étaient des moments chaleureux et amicaux avec une équipe qui n’a pas ménagé ses sourires et son énergie, en nous prévoyant même des concerts qui nous ont fait danser danser, et rire aussi (bravo aux frères Chrysanthèmes 😄), et enfin c’était un décor à la fois beau et confortable et convivial – ah, les fauteuils qui permettent de discuter avec les lecteurices comme dans un salon de thé hyper cosy… – et même une arche toute pensée pour nous prévoir une haie d’honneur avec applaudissements, oui oui messieurs-mesdames, au moment de notre départ. MERCI à toute l’équipe de bénévoles passionné·es (Dom, Lisbeth, Emma et TOUSTES les autres). Merci au public fidèle qui est venu si nombreux et si bienveillant. Et très heureuse d’avoir mieux fait connaissance et avoir partagé des moments drôles et doux et dansants avec les auteurices @loyeranne@marie.colot, Seng Sun Ratavanah, @stephanekiehl@sandrapoirotte@emmanuelle_tchoukriel@nadine.bruncosme, Arnaud Roi, @annesophiebaumann@morganedecadier et TOUSTES les autres ! Epuisée, hâte quand même de rentrer chez moi mais voilà le genre de festival du livre qui laisse le sourire aux lèvres pour longtemps. Et rien que ça, c’est précieux.


10 avril

Arcadie, de Emmanuelle Bayamack-Tab. Magnifique roman, et qui bouscule pas mal.
Or à quoi peut bien servir la littérature sinon à bousculer ?
Un aspect de ce récit m’a par moments dérangée à tel point que j’ai dû le laisser reposer plusieurs jours avant d’en reprendre la lecture. Pendant ce temps, mon esprit travaillait : pourquoi suis-je donc tant dérangée ? Le talent de l’écrivaine est tel qu’à chaque fois la réponse était : à cause de normes sociétales pas forcément pertinentes.
C’est qu’E. Bayamack-Tam déjoue toute tentation de bien-pensance trop peu pensée. Ce qui m’a repoussée, c’est l’amour et les scènes de sexe entre l’héroïne de 16 ans, Farah, et son grand amour, plus vieux de 35 années. Il se trouve qu’en plus l’homme est le père spirituel d’une communauté de freaks prônant l’amour libre, où vit Farah depuis ses 6 ans. Evidemment, on pense à une situation d’emprise. Mais le cas de Farah est particulier, et elle est si intelligente, si vive, si drôle, si critique, si sûre de ses sentiments que la seule emprise qu’elle vit est celle de l’urgence de ses désirs. On la suit jusqu’à ses 20 ans et jamais elle n’émet le moindre regret, au contraire, cet amour lui a fait vivre ses moments les plus lumineux. Comment mal juger une telle beauté, qu’elle a si bien vécue ? 
Puis on pense aux méfaits d’une secte mais les enfants vont dans les écoles du coin et ne sont pas isolés, il n’y a pas d’autre endoctrinement que celui d’aimer sans contrainte (avec interdiction tout de même de toucher aux enfants de moins de 16 ans, ouf), et chaque personnage de la communauté possède une forme de générosité et de beauté. Connexion à Internet interdite, mais littérature à profusion. Personne n’entre dans aucune case et quoi de mieux pour Farah, à qui le corps joue de sacrés tours, en ne se décidant ni à être fille ni à être garçon ? Farah ne s’éloignera que lorsqu’elle se heurtera aux limites de ce paradis sur terre, pas dénué d’hypocrisie hélas.
Ce roman est aussi une ode à la nature, et tout y palpite, comme Farah. Ce récit fut pour moi le rappel important que toute situation est unique, et que chaque voix est à écouter attentivement. Et c’est bien sûr Farah qui a raison : seul l’amour compte.


30 mars

Mais quel cadeau ! 🤩 Ce soir j’ai assisté à une adaptation incroyable et incroyablement bien interprétée de Renversante, par les élèves de CE2, CM1 et CM2 de l’école Croizat de Vaulx-en-Velin, dans un vrai théâtre. Deux ans de travail, quand même, pour ces enfants, avec 2 comédiens et bien sûr des enseignantes dévouées. Le résultat était d’une qualité époustouflante. Quelle émotion ! Merci merci à vous tous et toutes, adultes et enfants… Que de belles personnes.


28 mars

Renversante, la pièce, continue de tourner, et c’est une grande joie. Le 2 avril ce sera au Théâtre Libre à Paris. Je ne cesse d’être émerveillée par le destin de ce texte et par la large diffusion qu’en permet cette adaptation théâtrale. A chaque fois que j’y pense, c’est sous forme de fierté partagée avec toutes celles et tous ceux qui ont permis cela (en plus de la géniale @lena.breban , le formidable @antoinepdlb, les autres comédiens, les producteurs, ma chère éditrice, les programmateurs de théâtre, etc…). Je suis fascinée par la quantité de personnes essentielles pour qu’un texte vous parvienne. Une espèce de chaîne humaine vertueuse, qui fait du bien.


20 mars

Merci @lelibraireretraite pour cette super photo avec mon *Aube est bleue sur Mars* 😄. Et en plus assortie d’un très bel avis : « une histoire pleine de rebondissements, des personnages attachants (sauf Jason), des réflexions sur les problèmes actuels d’écologie,…., de l’amour, bref carton plein ».
Merci infiniment !


17 mars

J’apprends à peine aujourd’hui grâce à un article du Monde la disparition de Claire Etcherelli, début mars. L’émotion ressentie lors de la lecture de son « Elise ou la vraie vie », alors que j’étais jeune adulte, est subitement remontée. Je ne sais plus comment j’étais tombée sur ce roman paru avant ma naissance et qui reçut le prix Femina, mais comme j’écumais bibliothèques et librairies, rien d’étonnant à cela. A la même époque, j’étais tombée sur « Les mots pour le dire » de Marie Cardinal, et c’était la même émotion : découvrir des mots de femmes, sur des récits de femmes, était une expérience tout à fait nouvelle, exaltante, dérangeante et surprenante. Auparavant, seules Janine Boissard et Régine Desforges m’avaient permis de connaître cette expérience de ne plus être seconde ou autre dans une oeuvre littéraire. Même si Balzac ou Flaubert savaient admirablement dévoiler les âmes féminines, cela restait via le regard de Balzac ou Flaubert, figures écrasantes qu’on ne pouvait oublier alors même qu’on vivait dans la peau de Madame Bovary ou d’Eugénie Grandet. Me souvenir de l’émotion, vraiment grande et bouleversante, d’être Elise dans sa vraie vie me rappelle la pauvreté des miroirs que l’on me tendait jusqu’ici, et encore davantage la pauvreté des voix que l’on me faisait entendre. C’est qu’en plus le deuxième personnage était Arezki, un Algérien, et il est fort probable que ce fut aussi la première fois que je rencontrais un Maghrébin, qui aime et qui vit et qui existe, dans mes lectures. La claque en fut double. Et en plus, ils s’aiment ! Je baignais dans une ambiance sociétale tellement raciste, à l’époque, que j’avais presque l’impression de lire un récit interdit. Et pour finir cela parlait d’ouvrières et d’ouvriers, de ce milieu si peu relaté ; encore aujourd’hui je trouve qu’il ne l’est pas assez, et quand il l’est c’est de manière souvent surplombante (même venant de ces fameux transfuges de classe, qui confondent parfois la honte d’avoir honte avec le déni d’être méprisant). Voilà, donc, toutes les raisons pour lesquelles je crois qu’il faudrait davantage parler de l’oeuvre novatrice, courageuse et moderne de C. Etcherelli.


8 mars

Dans le monde de Renversante, aujourd’hui, ce serait la journée internationale des droits des hommes. Par « hommes » on entendrait évidemment « êtres humains de sexe masculin » et uniquement cela, bien entendu. Pour aller vite, beaucoup diraient qu’il s’agit de la journée de l’homme, ou bien de la journée des hommes, et ça les énerverait, les hommes, qu’on oublie ainsi le mot « droits ». Pourtant, on ferait tout pour qu’ils se sentent considérés : on leur offrirait des fleurs, on leur proposerait des réductions sur les rasoirs, et on parlerait essentiellement d’eux et on ferait spécialement attention à eux pendant une journée ENTIERE. Mais dans le monde de Renversante, les individus de sexe masculin seraient un peu susceptibles et il faudrait faire super attention à la manière dont on leur parle et dont on parle d’eux. Ce serait normal, après tout, avec tout ce qu’ils subiraient dans le monde entier, dans ce monde renversé. Ces garçons qu’on empêcherait d’aller à l’école, qu’on violerait, mutilerait, marierait à moins de 12 ans, ces hommes moins bien payés, ce temps en plus qu’ils passeraient pour s’occuper des enfants, de la cuisine, des courses, ces injonctions permanentes pour qu’ils restent jeunes, jolis et minces, ces hommes tués parce qu’ils voudraient divorcer, ces hommes qu’on harcèlerait dans la rue, le plafond de verre, etc… Par « on », attention, hein, on entendrait « pas toutes les femmes », il serait important de le préciser. Hé, nous aussi on aurait le droit d’être susceptibles ! Ce serait vraiment une journée importante, oui, pendant laquelle on promettrait avec beaucoup de sincérité qu’on fera tout pour que les choses changent. En y travaillant toutes ensemble, comment cela ne serait-il pas possible ?…

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