A sa petite soeur préférée Willemine : « Puisque j’en suis tellement à te parler de moi, je vais essayer de voir un peu si je ne pourrais pas te mettre mon propre portrait par écrit. Je pose d’abord en fait que, selon moi, un portrait de soi peut fournir matière à plusieurs portraits de conceptions très différentes. Voici une conception du mien qui est le résultat d’un portrait que j’ai fait de moi dans la glace, et qui est aux mains de Théo : Un visage gris-rose, et des yeux verts, des cheveux couleur de cendre, un front ridé et, autour de la bouche, raide comme en bois, une barbe très rouge, un peu en pagaye, et triste; mais les lèvres sont pleines; un sarreau bleu de toile grossière, et une palette avec du jaune citron, du vermillon, du vert Véronèse, du bleu de cobalt, enfin toutes les couleurs sur la palette, excepté l’orangé de la barbe, rien que des couleurs pures. La tête est sur un fond de mur blanc gris. Il n’est pas facile de se peindre soi-même, et vois-tu, on cherche une ressemblance plus profonde que celle d’une photographie. Pour l’instant je suis tout différent, n’ayant plus ni cheveux ni barbe, l’un et l’autre constamment coupés ras (…) Je suis toujours couvert de poussière, chargé comme un porc-épic, hérissé de bâtons, chevalet, toile et autre fourniment.(…)

Vincent Van Gogh

 

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Cruelle réalité de l’écrivain lorsqu’il travaille avec enthousiasme sur un thème très précis, et qu’il apprend qu’un roman vient de sortir exactement avec le même thème – même cible, même créneau, et même maison d’édition visée. Inspiration, expiration, et aller jusqu’au bout de son idée, en priant pour que l’axe choisi soit tout de même très différent. Croire en soi (penser tout de même à une autre maison d’édition : être lucide. Mais s’autoriser un cri : ET CROTTE ALORS !).

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2 Commentaires
  • florence
    26 février 2013

    Oui je me souviens bien et j’ai pensé à toi d’ailleurs, c’est vraiment rageant mais tu as fait quelque chose de très différent donc ça me donne de l’espoir. Comme tu m’as dit l’avoir fait je ne lirai pas le roman en question, histoire de ne pas être influencée. Et impossible de ne pas aller au bout, de toute façon, au point où j’en suis…

  • Pascale
    26 février 2013

    Je compatis, d’autant que c’est ce qui m’est arrivé exactement avec « La véritable histoire d’Harrison Travis » (sauf que ce n’était pas la même maison d’édition mais une maison associée). C’est terrible, comme si quelqu’un venait de vous piquer votre bébé. Mais tu dois aller au bout, oui, et te dire que ce qui compte ce n’est pas tant l’histoire que la façon dont on la raconte. Mais quand même, crotte, alors !