Extrait de la lettre de sa mère au jeune Angelo, 25 ans, hussard sur les toits peu de temps avant de découvrir ces mots :
« Mon bel enfant, as-tu trouvé des chimères ? Le marin que tu m’as envoyé m’a dit que tu étais imprudent. Cela m’a rassurée. Sois toujours très imprudent, mon petit, c’est la seule façon d’avoir un peu de plaisir à vivre dans notre époque de manufactures. J’ai longuement discuté d’imprudence avec ton marin. Il me plaît beaucoup (…. ) Tout cela serait bien s’il n’y avait pas de moins en moins de gens capables de compter sur leur coeur. C’est un muscle qu’on ne fait plus travailler, sauf ton marin qui me paraît de ce côté être un assez curieux gymnasiarque. Il s’est enthousiasmé d’une bonté de rien du tout que j’ai eue pour sa mère et il est allé faire tourner ses bras un peu trop près des oreilles des deux hommes chamarrés qui ont organisé ton voyage précipité. Ils en sont tombés très malencontreusement malades le jour même. C’est dommage. J’ai pensé que ton marin avait la détente un peu brusque. Je lui ai donné de fort obscures raisons pour qu’il fasse encore un voyage en mer. J’ai été si mystérieuse qu’il s’en est pâmé de bonheur. J’aime viser longtemps. Et maintenant, parlons de choses sérieuses. J’ai peur que tu ne fasses pas de folies. Cela n’empêche ni la gravité, ni la mélancolie, ni la solitude : ces trois gourmandises de ton caractère. Tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux.»
Pascale M.
12 novembre 2013J’ai tellement aimé ce livre à vingt ans que je n’ose pas le relire.
florence
12 novembre 2013Je suis en train, c’est magnifique. Je pense que tu ne serais pas déçue !